Pour les 65 ans d’indépendance de la Guinée, la junte au pouvoir a préparé une fête spectaculaire. Cependant, l’événement semble soulever plus de questions que d’enthousiasme parmi la population.
Par la voix de Mory Condé, le ministre de l’Administration du Territoire, la junte a annoncé un défilé militaire qui se tiendra sur une place publique, mais avec une petite nuance : l’accès à cette place sera réservé uniquement aux invités triés sur le volet. Le peuple, qui a célébré l’indépendance en 1958 aux côtés de ses leaders civils, se retrouve ainsi écarté de la célébration.
Pour faire bonne mesure, la junte a également déclaré qu’elle installerait de grands écrans dans d’autres communes de Conakry, permettant ainsi au grand public de suivre le défilé en direct. Une approche qui semble dire : « Regardez-nous, mais de loin ! »
Ce qui choque particulièrement des Guinéens, c’est le contraste avec l’origine de leur indépendance. Elle n’a pas été obtenue par l’armée, mais par des civils engagés dans un combat pour la liberté et l’autonomie nationale. Les fondateurs de la Guinée indépendante étaient des figures civiles, comme Ahmed Sékou Touré.
Pour couronner le tout, la junte promet un spectacle géant en soirée pour le grand public, -le peuple, les non-VIP, les en bas de en bas-, désormais relégué à un rôle de spectateur passif, invité à célébrer une indépendance qui, autrefois, était le fruit de sa détermination.
L’approche de la junte laisse planer des questions sur la nature de cette fête de l’indépendance. Est-ce une véritable célébration de l’autonomie nationale ou simplement un exercice de démonstration de force militaire ? Les Guinéens, qui ont contribué activement à l’histoire de leur nation, méritent sans aucun doute une place centrale dans les célébrations de l’indépendance, rappelant ainsi que celle-ci est avant tout le fruit de l’engagement et de la lutte civile. Et non une célébration excluante de leur Independence day.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com