Censure

Procès 28 Septembre. ‘‘Ils faisaient descendre des corps comme des sacs de riz’’, témoigne une partie civile

À l’instar de plusieurs parties civiles, Mohamed Aly Fofana s’est exprimé à la barre du procès des événements du 28 Septembre 2009.

Il a expliqué les circonstances dans lesquelles il a pris une balle. Il est aussi revenu sur l’intimidation que lui a faite le ministre de la Santé d’alors.

« Il y avait la panique. Ça courait. Je ne sais pas à quel moment la balle m’a touché. Mais j’ai vu que le sang suintait de ma main. La balle a traversé ma main. Arrivé à Donka (Centre hospitalo-universitaire, ndlr), la situation était vraiment insoutenable. Les gens étaient couchés dans un état vraiment délabré. Les gens étaient blessés, couchés pêle-mêle. Donc j’ai dit que je ne peux pas rester ici… J’étais allé à Ignace Deen (un autre CHU, ndlr) où je suis resté trois semaines avant que je ne sois opéré.  Puisque Dr Sylla m’a dit qu’il fallait que la plaie ouverte guérisse’’, a-t-il narré.

Selon lui, le ministre de la Santé d’alors, Dr Diaby, l’a intimidé : « Il m’a poussé le front alors que je m’attendais à un soulagement de sa part. Je dormais même et c’est une infirmière qui m’a dit réveille-toi, la directrice arrive avec le ministre. Ils ont envoyé deux chaises à mon chevet (…) Il m’a dit pourquoi tu étais au stade ? Je lui ai dit que je ne m’attendais pas à ça. Il m’a dit que pourquoi je suis resté dans le quartier tout ce temps, je lui ai dit que je n’étais pas à la maison. Il m’a dit que d’ailleurs que ta blessure n’est pas due à un Kalach [kalachnikov], mais à un fusil de chasse… tous ceux qui disent le nombre de morts dans cette affaire aurait menti. Je ne me voyais pas en Guinée. C’est du jamais vu », a-t-il dit.

Enfin, il a parlé des corps débarqués par des militaires à la morgue de Ignace Deen : « C’était vers 14h ou 15h. Le camion est venu entrer dans la morgue de Ignace Deen en marche arrière. Ils ont chassé tout le monde. Mais les gens regardaient de loin, puisque le mur n’était pas haut. C’était des militaires. Les gens qui étaient dedans avaient des mouchoirs sur le nez pour ne pas qu’on les dévisage. Ils faisaient descendre des corps comme des sacs de riz. Ils ont fait ça pendant 30 à 40 minutes. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils ont reçu des instructions ou si c’est parce que le morgue était remplie. Mais ils ont arrêté, ils ont fait monter le reste des corps et sont partis vers une destination inconnue. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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