Imaginez un homme dont le nom est changé en le plongeant trois fois dans l’eau baptismale, conformément au rituel. Le célébrant annonce alors : « Je t’ai baptisé. Tu ne t’appelles plus Gbaka, désormais ton nom est David. À partir d’aujourd’hui, tu ne boiras plus d’alcool. » Le baptisé rentre chez lui, sort une bière fraîche du frigo et la plonge trois fois dans l’eau en annonçant : « Je t’ai baptisée. Désormais, tu ne t’appelles plus bière, mais Fanta (jus d’orange) ! » Et il se met à boire… de l’alcool. Cette scène est une parodie d’un sketch du comédien ivoirien, Ramatoulaye DJ.
En Guinée, les artistes sont souvent les porte-paroles des régimes politiques. Ils utilisent des mélodies envoûtantes, des rythmes exotiques et des paroles enflammées pour vendre l’image – malheureusement ternie – d’un pays qui patauge. Alors, la question se pose : nos artistes ne prêchent-ils pas dans le vide ?
Un pays en quête de démocratie
La Guinée, magnifique joyau de l’Afrique de l’Ouest, est actuellement confrontée à une crise démocratique. Des artistes locaux ont été généreusement payés pour chanter les louanges du pays en le présentant comme un endroit paradisiaque. Tout en invitant les autres à venir le visiter. Cependant, la réalité politique semble bien éloignée des paroles harmonieuses posées sur une musique dont il est difficile de déterminer le rythme. Les dirigeants au pouvoir, issus d’une junte militaire, suscitent des inquiétudes quant à un retour rapide à la démocratie.
Une chimère
Il est indéniable que les touristes et les investisseurs potentiels se demandent s’ils devraient s’aventurer dans un pays en proie à l’instabilité. Les manifestations fréquentes, souvent réprimées dans le sang, ne font qu’accentuer les doutes. Qui voudrait visiter un endroit où les chants de joie contrastent violemment avec la triste réalité des rues ?
Des « artistes-comédiens »
Peut-être que les artistes guinéens sont les plus grands comiques de la nation, utilisant la musique comme un subtil contrepoint à la tragédie politique. Leurs chansons semblent, à première vue, promouvoir un rêve de paix, de prospérité et de démocratie. Cependant, dans un pays où la réalité est souvent sombre, ces mélodies deviennent presque plutôt des mélopées déchirantes.
En fin de compte, la Guinée, pays de contrastes, oscille entre espoir et désillusion. Malgré leurs louables efforts pour chanter la Guinée sous un jour positif, les artistes se retrouvent peut-être involontairement à prêcher dans un désert politique. La musique peut être une force puissante pour le changement, mais dans un pays en quête de démocratie, les paroles risquent de se perdre dans le tumulte politique.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
