Fodé Mohamed Soumah, président du parti Génération Citoyenne (GéCi) a accordé une interview à notre rédaction. Dans cet entretien, l’ancien député parle de la gestion de la transition, du remaniement ministériel éventuel et de plusieurs autres sujets. Lisez!
Guinee7.com : Depuis le coup de d’Etat du 5 septembre 2021, vous êtes moins visible. Est-ce une stratégie pour préparer les prochaines échéances élections ?
Fodé Mohamed Soumah : J’imagine que vous n’avez pas assez suivi l’actualité de la GéCi. Nous avons mis en place des plateformes internes pour mettre tous les militants au même niveau d’information durant la période des restrictions sanitaires : Le Directoire qui est l’organe suprême depuis la refonte du parti et la suppression des VP. Le Bureau Exécutif National “BEN”. Les Fédéraux des Préfectures et à l’étranger, les Coordinateurs de Conakry et les Coordonnateurs de toutes les structures. Ensuite nous avons lancé une opération globale d’identification de nos structures à travers tout le pays et à l’international.
Enfin, il y a eu les travaux de rénovation du siège à Coronthie et j’ai été en délégation à différents endroits pour valider les structures créées.
Par ailleurs, il y a 2 programmes de formation fin novembre et avant la fin de l’année au siège. La caravane citoyenne est en préparation pour la campagne électorale à venir. Comme quoi, il ne sert à rien de faire du bruit si on ne se prépare pas à la conquête du pouvoir.
La boussole a changé de cap
En cette période Transitoire quelle est l’orientation politique de votre parti ?
Nous estimons que la boussole a changé de cap. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas participé aux ‘‘assises’’, ni au récent cadre de dialogue qui devrait utiliser une autre appellation. La GéCi est dans l’action et non en réaction aux multiples manœuvres dilatoires. Nous sommes focus sur le retour à l’ordre constitutionnel et c’est notre agenda politique.
Depuis plus de deux ans, la Guinée est dirigée par des putschistes. Quelle lecture faites-vous de leur gestion du pays ?
Le bilan d’une Transition se fait au moment de solder les comptes après la mise en place des institutions républicaines. Même si 2 ans après l’avènement du CNRD, il y aurait beaucoup à redire! Donc, rendez-vous est pris après les élections locales, législatives, présidentielles et la période de grâce accordée au prochain gouvernement légitimement/légalement installé.
A date, pensez-vous que le chronogramme de la Transition sera respecté à la lettre bien que jusqu’à présent le projet de la nouvelle constitution n’est pas disponible au grand public ?
Votre question est orientée et en décalage avec la réalité du moment. La négociation avec la Cedeao porte sur 2 ans en regrettant le fait que les contours et les étapes n’aient pas été définis. La date butoir est fin 2024, même si nous avons déjà consommé plus de 2 ans depuis le 5 septembre 2021.
Ceux qui disent que les partis se valent peuvent représenter les absents et le tour est joué
Le cadre de dialogue inter-guinéen se poursuit sans le RPG Arc-en-ciel, l’UFDG, l’UFR et plusieurs autres formations politiques. Votre lecture ?
C’est pourquoi je vous disais qu’il faudrait trouver une autre appellation, même si c’est facile de dire qu’on a fait appel à tout le monde. Mais pour parler de quoi? Avec qui? S’accorder sur quoi? En combien de temps? Etc. Ceux qui disent que les partis se valent peuvent représenter les absents et le tour est joué.
Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG cherche des garanties pour retourner au pays. Avez-vous un conseil pour lui ?
Cellou est mon ami et on se parle régulièrement. Il n’a pas besoin de conseils en l’espèce car il cherche le pouvoir en Guinée. Il reste actif malgré l’exil forcé, tout comme mon grand frère Sidya. Il prend ses décisions avec sa famille et ses partisans. Mais s’il me consulte à cet effet, mon avis se fera en privé.
Vous ne pouvez pas incarcérer une personne et commencer à lui chercher des poux dans la tête
Un mot sur la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
Je me souviens avoir préféré une Crei à la Sénégalaise qui inverse la charge de la preuve. Vous ne pouvez pas incarcérer une personne et commencer à lui chercher des poux dans la tête. Le respect de la présomption d’innocence aurait pu permettre de garder les personnes concernées chez elles, même avec des restrictions ! Pis, les comptes bancaires de nombreuses personnes sont encore gelés, y compris l’interdiction de sortie du territoire. Cette procédure n’aurait pas dû dépasser un mois.
Depuis plusieurs jours maintenant une rumeur annonçant un remaniement ministériel circule dans la cité. Pensez-vous que cela est nécessaire actuellement ?
Entre la rentrée des classes chaotique et le retrait de l’organisation de la CAN. Sans compter la cherté de la vie. L’insécurité galopante. La santé à terre. L’hygiène publique qui fait honte. Le massacre de l’environnement. La diplomatie économique exsangue. La pression sur les politiques et les médias. Le train de vie prohibitif de l’Etat. La boussole qui a perdu le Nord, etc. On se demande où sont les résultats probants ? Même si l’honnêteté intellectuelle ne permet pas de glisser dans le néant.
Pis, ce gouvernement s’est trouvé la vocation de développer la Guinée à travers des mesures qui seront gérées après la transition. Le rôle principiel d’un gouvernement de transition se limite aux affaires courantes et non pas de se lancer dans un programme de développement infrastructurel ou se perdre dans un recensement intégral et une nouvelle constitution référendaire. Une transition c’est 6 à 9 mois maximum. A l’heure actuelle, il suffit de passer plus de 48 heures en dehors de la capitale pour se rendre à l’évidence. Il est temps d’arrêter de nous comparer à nous-mêmes, afin de tourner le dos aux ambitions minimalistes. Le droit est un dû et le devoir exige une attitude citoyenne. C’est maintenant ou jamais, si nous ne voulons pas tuer l’espoir et plomber la gouvernance à venir.
Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com
