Censure

Guinée. Ici, on tire sur l’ambulance !

La Guinée, ce pays où même les ambulances ne sont pas à l’abri des balles perdues ! C’est là que l’on peut voir une ‘‘évasion spectaculaire’’ de prisonniers tourner au drame absurde. On dit souvent « on ne tire pas sur l’ambulance », mais visiblement, à Conakry, les règles du jeu sont un peu différentes.

L’histoire débute avec une ‘‘évasion’’ rocambolesque de la prison principale de Conakry. De célèbres prisonniers dont le capitaine Dadis Camara réussissent à tromper la vigilance des gardiens et à prendre la poudre d’escampette. Dans une émission spéciale sur Djoma, le ministre de la Justice, Charles Wright, qui prétendait être bien « informé » de la situation sur le terrain, décide de jeter un voile de doute sur les morts suite à la fusillade contre une ambulance au niveau d’un check-point.

Et pourtant, ‘‘arrivés au niveau du pont 8 novembre, nous avons trouvé des pick-ups de militaires garés. Le chauffeur s’est arrêté, je lui ai dit de klaxonner, il a dit non. Il était toujours arrêté. Je lui ai dit ils voient l’ambulance, ils ne peuvent pas nous laisser passer ? On a un cas d’urgence avec nous. Normalement ils devaient nous laisser passer parce que c’est l’ambulance. Nous sommes restés là-bas 3 à 5 minutes comme ça, on a entendu des coups de feu. La première balle a directement touché ma fille qui était assise sur les genoux du motard qui a accidenté mon mari. Mon mari a dit couchez-vous, couchez-vous, j’ai dit, chauffeur il faut nous sauver. Ils (les militaires) tiraient partout, je criais, j’avais mon bébé avec moi. Quand ils ont tiré une seconde balle, ils ont touché le docteur qui était assis devant, au niveau de sa tête’’, a témoigné Mme Aminata Millimouno qui, avec ses enfants, un motard et un médecin, accompagnait son mari accidenté à l’hôpital Ignace Deen.

L’ambulance censée engager une course contre la montre pour sauver des vies, venait d’avoir à bord deux victimes, une fillette de 6ans et un médecin.

Le procureur Yamoussa Conté, a cité dans son bilan des ‘‘évènements survenus à la Maison centrale’’, entre autres, 2 dépôts de corps à la morgue du CHU de Donka, des victimes à bord d’une ambulance au niveau du pont 8 novembre.

Il a ordonné d’engager l’action publique contre Dadis et Cie pour des faits d’assassinats commis sur les agents des forces de défense et de sécurité dans l’exercice de leur fonction régalienne, homicide involontaire, abandon de poste, violation de consignes et complicités. Vous comprendrez que l’enquête sur les morts de l’ambulance est à peine explicitée dans les démarches du procureur.

En Guinée, on peut bien tirer sur une ambulance depuis n’importe où, du moment que ça ajoute un peu plus de confusion à une évasion déjà kafkaïenne.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.