Le célèbre jugement de Salomon fait référence à une histoire biblique mettant en scène le roi Salomon, réputé pour sa sagesse. Selon le récit, deux femmes prétendaient être la mère d’un même bébé et se disputaient sa garde. Incapable de déterminer laquelle était la véritable mère, Salomon proposa de découper le bébé en deux et de donner une moitié à chaque femme. L’une des femmes accepta cette proposition, tandis que l’autre déclara préférer renoncer à l’enfant plutôt que de le voir mourir. Salomon reconnut ainsi la véritable mère de l’enfant et lui donna la garde, sauvant ainsi la vie du nourrisson.
Si l’on transposait cette histoire au football guinéen et aux personnes aspirant à diriger la fédération nationale, il y a fort à parier que l’issue serait malheureusement l’écartèlement de ce pauvre bébé (symbolisant le football guinéen) non pas en deux, mais en quatre morceaux.
Il est vrai que le scénario se dessinait clairement. Les conflits habituels ont une fois de plus anéanti les maigres chances de voir le football guinéen sortir la tête de l’eau. Même si ces querelles de clocher se déroulaient en coulisses, on pouvait facilement imaginer les tensions sous-jacentes liées aux anciens conflits mal résolus.
Le résultat du match ? Le congrès, qui était censé mettre fin à la transition, s’est avéré être un échec retentissant. La candidature du général à la retraite, Mathurin Bangoura, ainsi que celle de certains de ses colistiers, a été invalidée par la commission de recours. Ses détracteurs pensent que cet homme accumule les problèmes avec la justice, et qu’il pourrait devenir un président ayant un casier judiciaire aussi long qu’un bras. En réponse, ce général et ses partisans ont décidé de boycotter l’assemblée générale élective, empêchant ainsi l’atteinte du quorum pour l’élection d’un nouveau bureau exécutif de la fédération.
Alors que le mandat du CONOR (Comité de Normalisation) qui devait résorber la crise et ramener le football guinéen à une situation normale prend fin le 30 novembre.
Dans les médias, le général à la retraite et ses partisans ont plastronné en affirmant avoir montré leur force. Pour eux, l’annulation du congrès est perçue comme une grande victoire. Cependant, dans ce fiasco qui assombrit encore davantage l’horizon, il n’y a pas de vainqueur. Il n’y a que des perdants : les protagonistes inflexibles, le CONOR qui n’a pas réussi sa mission, le Premier ministre qui s’est activé vainement à la limite de l’ingérence et surtout le football guinéen, qui est plus que jamais otage de gourous aux égos surdimensionnés.
Il ne reste plus à la FIFA qu’à accourir au chevet du malade, une fois de plus, comme elle l’a fait il y a environ deux ans, pour appliquer l’une de ses thérapies. Cela pourrait se faire par le biais d’un CONOR ou par une supervision directe, afin de prendre le contrôle des affaires de la fédération nationale en crise et de superviser toutes les décisions et activités liées au football dans le pays. Cette mesure permettrait une gestion temporaire et éviterait une paralysie totale de la fédération.
Bien entendu, cela n’exclut pas la possibilité de sanctions ultimes si les personnes concernées ne modèrent pas leur comportement belliqueux et persistent dans leur stratégie de « moi ou le chaos » : la suspension du pays de toutes les compétitions organisées par la FIFA et la CAF. Peut-être que le terrain poussiéreux de Friguiagbé pourrait à nouveau servir d’exutoire…
Le football guinéen est en perte de vitesse depuis des décennies, incapable de redorer son blason et d’améliorer son palmarès. Depuis la finale perdue en 1976 à Addis-Abeba, le Syli n’a jamais réussi à atteindre le dernier carré de la Coupe d’Afrique des Nations. Quelle que soit la génération, l’équipe nationale A n’a jamais remporté un match à élimination directe lors de cette compétition, étant toujours éliminée dès après la phase de groupe. De plus, le pays cherche toujours à remporter son premier titre continental dans toutes les catégories, que ce soit chez les seniors, les juniors, les cadets ou l’équipe féminine.
Comme le dit Thomas Fuller, « Le paradis des fous est l’enfer des sages »…