Censure

Guinée. La provocation cynique de Mory Condé

Au moment où la Guinée vibre au rythme de la censure des médias et de l’accès restreint aux réseaux sociaux, le ministre de l’Administration du territoire de la Junte, Mory Condé, nous offre une leçon inattendue sur la vie. Sur sa page Facebook sponsorisée- par l’argent du contribuable ? -, il déclare avec un éclat de sagesse politique : ‘‘Les changements positifs sont précédés par les inconforts. Cherchons à être utiles et non à plaire.’’

En français terre-à-terre, Mory Condé, une des pièces maitresses de la Transition, choisit ses plus belles photos -où il se la joue beau gosse-, pour nous dire que les privations de liberté et la censure étaient justes des ‘‘inconforts’’ nécessaires pour parvenir à un changement positif.

Bien sûr, les esprits mesquins voient en cela comme une provocation cynique, surtout à un moment où la CEDEAO ne semble pas tout à fait convaincue par les « efforts » de la junte au pouvoir pour rétablir la démocratie.

Peut-être que nous, simples mortels, avons mal interprété les subtilités de M. Condé. Peut-être que sa déclaration audacieuse est en réalité une invitation à embrasser le ‘‘confort’’ de la censure et à savourer l’inconfort de l’absence de liberté d’expression.

Chers Guinéens, oublions les plaintes sur la censure et les restrictions. Écoutons plutôt les paroles éclairées de Mory -en pays Maninka, son prénom signifie : marabout, ndlr. Car n’oublions pas, selon ses mots inspirants, la liberté d’expression n’est qu’un ‘‘confort’’ à sacrifier pour le bien supérieur de ce qu’il appelle changement positif. Ah Mönè* !

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

*Outrage, selon l’écrivain ivoirien, Amadou Kourouma

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