Plusieurs sources ont confié à WESTAF MINING que la société Alliance Minière Responsable (AMR) a, depuis février 2023, introduit une demande d’approbation de la cession, en faveur d’un homme d’affaires guinéen, des parts sociales (84,9%) précédemment détenues par des hommes d’affaires français. Malheureusement, l’affaire traîne en longueur et ajoute une sorte d’incertitude, une de plus, à la volonté déclarée officiellement visant à permettre aux Guinéens de contrôler une partie de leur production minière…
AMR, c’est cette société qui, il y a quelques mois, faisait les titres mitigés dans la presse jusqu’à ce que le business tourne finalement court, sans qu’il n’y ait besoin de revenir sur ses péripéties. Depuis quelques mois, l’homme d’affaires Sonny Doumbouya, appuyé par de nouveaux partenaires, se bat comme un beau diable pour reléguer aux calendes grecques ce passé difficile.
Lui-même (Doumbouya) avait été appelé à la rescousse, comme manager de la société, quand la gestion d’AMR était française. C’était en pleine crise et l’entreprise commençait à traverser une zone de fortes turbulences…
Décidé à reprendre toute l’affaire, le businessman guinéen a obtenu de l’ensemble des actionnaires étrangers d’AMR (y compris ceux dont la réputation avait été écornée) la cession de toutes leurs actions (84,9%) qu’ils détenaient en faveur de sa société Axis Mining SAU, créée depuis 2013. Le reste des actions reste contrôlé par l’Etat (environ 15%) et un autre actionnaire ultra minoritaire (0,1%).
C’était dans la foulée du changement à la tête de l’administration minière à la faveur du coup d’Etat du 5 septembre 2021, et celui qui est devenu le nouveau propriétaire d’AMR a entamé des négociations plus poussées avec les anciens actionnaires de la société.
WESTAF MINING qui a mené une enquête autour de cette cession peut confirmer avoir vu les décisions prises par les tribunaux, aussi bien guinéen que français (Ndlr : Tribunal de de Commerce de Paris) certifiant que ce transfert d’actions est bien acté (voir documents en bas).
En tant qu’opérateur local, l’homme d’affaires s’est acquitté de l’intégralité des dettes de l’entreprise laissées par la gestion précédente, y compris au sein de la direction nationale des impôts, a-t-on appris au cours de notre enquête.
AMR a l’avantage d’être cette mine qui figure parmi les plus proches du fleuve où se relaient quotidiennement des dizaines de barges remplies de bauxite extraite du sous-sol guinéen pour leur transbordement en pleine mer.
L’article 90 du Code minier (1) en vigueur en Guinée exige que le ministre de Mines et de la Géologie approuve toute cession d’actions d’une société minière détentrice d’un permis d’exploitation pour, d’une part, offrir plus de garanties au repreneur et aux cédants mais également préserver les intérêts de l’Etat. Là encore, les textes ne mentionnent aucun montant spécifique qui pourrait bloquer un investisseur déterminé à faire prospérer son exploitation.
Extraits du document du Tribunal de Commerce de Paris actant la cession des actions d’AMR SARL à Axis Mining SAU
Une banque prête à accompagner le projet
Selon nos sources, après avoir essuyé un premier rejet (Cf : lettre ministre des mines du 07 mars 2023) pour des motifs discutables, AMR version Sonny Doumbouya va revenir à la charge, beaucoup mieux renforcé par de nouveaux partenaires, même si depuis lors l’entreprise n’a toujours pas encore obtenu de réponse claire.
Le ministre Magassouba affirme dans son courrier de mars que « l’Administration Minière ne peut approuver cette cession dans la mesure où l’engagement du partenaire détenteur de la capacité technique et financière n’apporte par les garanties d’une implication ferme pour le développement de ce projet sur le long terme. Par ailleurs, nous vous invitons à bien vouloir vous accorder sur une joint-venture impliquant d’avantage le partenaire technique et financier dans l’actionnariat de la nouvelle structure ».
Joint par SMS, via un journaliste de Guinee7.com (notre partenaire), il n’a répondu à aucune de nos questions.
Or, il apparaît au cours de notre enquête que la « capacité technique et financière » des nouveaux partenaires d’AMR paraît non seulement indiscutable mais une grande banque commerciale a accepté d’accompagner le projet pour un montant de 10 millions de dollars USD (voir extrait du document ci-dessous) à condition que l’approbation soit acquise.
Malgré tout, le ministre des Mines semble n’avoir pas changé de position. Résultat des courses : l’approbation de la cession n’est toujours pas finalisée pour l’une des rares occasions de voir un Guinéen contrôler une majorité significative des actions dans une société minière opérant dans son propre pays.
En attendant, selon nos sources, le nouveau repreneur travaille sur fonds propres et a relancé la production de la société. Sur le terrain, il aurait même noué des partenariats avec des entreprises en opérations pour le volet port et route minière.
Extrait de l’attestation de la banque commerciale
Des sources du département des Mines ont confirmé à WESTAF MINING que la dernière mission d’inspection, opérée sur site ces derniers jours, a trouvé des travailleurs en pleine activité, loin des tracas liés aux lenteurs propres à l’administration publique, dans un pays qui a tant besoin de recettes minières pour financer son développement, en se fondant sur des champions du secteur.
AMR emploie à ce jour environ 77 personnes, auxquelles pourraient s’ajouter une vingtaine d’autres très prochainement.
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(1) : « Tout contrat ou accord par lequel le titulaire d’un Titre minier promet de confier, céder ou transférer, partiellement ou totalement, ou confie, cède, transfère partiellement ou totalement les droits et obligations résultant d’un Titre minier doit être soumis à l’approbation préalable du Ministre en charge des Mines. Cette autorisation est accordée par Décret en ce qui concerne les transactions portant sur les Concessions minières. » (Article 90 du Code minier, paragraphe 4)
Avec Westaf Mining