Le colonel Mamadi Doumbouya, dans son discours du nouvel an, a annoncé le remplacement des conseils communaux par des « délégations spéciales » au nom du « retour à l’ordre constitutionnel ». Quel paradoxe !
Après avoir dissous les institutions républicaines lors de son coup d’État en septembre 2021, le colonel semble avoir atteint un nouveau palier en éliminant les dernières traces qui restaient de la démocratie. Et quel en est le prétexte ? Le mandat des conseils communaux serait arrivé à terme ! On ne peut s’empêcher de sourire face à une telle ironie.
C’est un pouvoir non élu qui se présente maintenant comme le champion de la dénonciation des mandats arrivés à échéance ! On pourrait presque y voir un zèle apparent pour la démocratie, n’eût été le fait que le numéro un du CNRD vient ainsi effacer toute trace d’élections dans l’administration centrale et décentralisée.
Cette décision a suscité des réactions contrastées au sein de la population, allant de l’amusement à la perplexité. Certains se demandent si la notion de mandat expiré a soudainement pris un sens différent dans le dictionnaire du colonel. D’autres se demandent avec humour si la junte au pouvoir a trouvé un manuel de gestion politique dans un manège à chevaux, avec l’aide du ministre de l’Administration du Territoire, l’inénarrable Mory Condé.
Quoi qu’il en soit, le résultat de cette initiative est on ne peut plus clair : la démocratie, déjà chancelante après le coup d’État, a reçu le coup de grâce. Désormais, le pays ne compte plus aucun élu dans le gouvernement, le CNT (avatar de l’assemblée nationale), l’administration centrale et jusqu’à la plus lointaine des communes. C’est un véritable paradoxe troublant que cette époque où des non-élus pourfendent des mandats qu’ils n’ont jamais eus.
On se croirait presque dans un jeu de « Chamboule-tout » politique !
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com