Censure

Abdourahmane Sanoh ex du FNDC au Col. Doumbouya : ‘‘on ne peut conserver (le pouvoir) durablement par les armes’’

Après un long silence, Abdourahmane Sanoh, ancien coordinateur du Front national de la défense de la constitution (FNDC) s’est exprimé, jeudi au quartier Kipé.

Parlant au nom du mouvement CPR (Citoyen pour la République), cet acteur de la société civile a dénoncé les dérives du pouvoir en place dans ce qu’il a appelé la « lettre au président. »

Il a tenu tout d’abord à donner les raisons de son silence. « Mes paroles devenaient assez rares ces derniers temps, c’est parce qu’on travaillait et on observait » a-t-il fait savoir.

Avant de déclarer : « à un an de la fin de la durée que vous vous êtes librement accordée pour conduire la Transition et mettre en œuvre le programme que vous avez établi unilatéralement, et au regard des développements qu’on observe, il y a lieu de vous exprimer mes profondes inquiétudes, quant au respect des engagements du CNRD et à une issue apaisée de la Transition actuelle. »

Ensuite, l’ancien coordinateur du FNDC a mentionné : « des difficultés persistantes sont constatées dans la coordination de l’action gouvernementale, notamment en raison de l’imprécision et du manque de transparence des relations entre le Gouvernement et le CNRD, qui demeure un organe largement informel dans sa constitution et dans son fonctionnement, plus de deux ans après son avènement au pouvoir. Le mode de sélection des hauts cadres du pays, a placé l’État sous la coupe de l’inexpérience, altérant ainsi les performances de l’administration et la qualité de l’offre de services publics. »

Il ne s’est pas limité là. Il a aussi fait cas des récentes restrictions survenues dans le pays. « Des constantes violations de la charte de la Transition et des lois par le CNRD, obèrent l’efficience et la cohérence du fonctionnement de l’Etat et nous éloignent des exigences d’un État de droit. Ces violations sont illustrées par les restrictions de la liberté de presse et des droits civiques, l’interdiction de manifester, les limitations de l’accès à l’internet, le brouillage des ondes des médias privés, l’instrumentalisation et la personnalisation de la justice, la persécution des magistrats qui défendent l’éthique dans leur profession », a-t-il fait constater.

Il a étendu sa déclaration sur les ennuis judiciaires des acteurs socio-politiques. « En plus, les répressions judiciaires contre les acteurs politiques et sociaux, les violations des droits de l’homme, les atteintes à la dignité humaine, les traitements inhumains et dégradants sur des personnes sans défense, les violences et les tueries lors des manifestations, sont autant d’actes qui se poursuivent comme par le passé. Or, les régimes qui ont précédé le vôtre avaient déjà fait trop de morts, pour qu’on continue encore de compter des martyrs pour l’effectivité de l’État de droit et de la démocratie dans notre pays. Cette atmosphère ne laisse aucun doute sur le recul démocratique enregistré en si peu de temps. La démagogie, le populisme, le culte de la personnalité et la propagande règnent, sans partage et comme par le passé, sur tous les canaux publics de communication.

Le regain de corruption et d’enrichissement illicite et l’accaparement de l’Etat par un petit groupe d’individus au détriment des intérêts de la nation, ainsi que l’absence d’exemplarité dans la gouvernance économique et financière, font que nos compatriotes ne croient plus à la sincérité des engagements, à établir un État libre de corruption. La CRIEF, dont l’institution était presque comme salutaire, est devenue un instrument de règlement des comptes avec des personnalités bien ciblées, sans enquêtes préalables rigoureuses. »

« Le pays va mal ! Il va très mal aujourd’hui ! Force est de reconnaître que la description de la situation du pays faite dans votre déclaration de prise de pouvoir, correspond tout aussi bien à celle d’aujourd’hui ! E la répression n’est pas la solution. De nos jours, si on peut encore prendre le pouvoir par les armes, on ne peut le conserver durablement par les armes. Les perspectives ne sont pas rassurantes quant à une issue pacifique et démocratique de la Transition, avec des bases institutionnelles et réglementaires enfin convenables et des élections ouvertes, transparentes, crédibles et globalement incontestables » a-t-il dit.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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