Censure

Attaque à main armée à Dubréka. ‘‘Prenez tout ce que vous voulez mais épargnez-nous’’, le témoignage glaçant d’une victime

Abdoulaye Camara, 29 ans, a été tué dans une attaque à main armée, à Tersè, Dubréka. L’attaque se serait déroulée aux environs de 2h, dans la nuit de mercredi à jeudi. Au cours de l’attaque, Mohamed Fadiga, commerçant, 36 ans, a été grièvement blessé à coup de machette.

Selon Aïba Moumine Kaba, les autres membres de la famille ont été menacés durant une longue période par les assaillants qui ont voulu les dépouiller de leurs biens. « J’étais couchée dans la chambre en train de manipuler le téléphone. Quand aux environs de 2h30, ma sœur s’est levée pour aller se laver. A son retour elle voulait prier et elle a vu quelqu’un dans la cour ; elle est venue frapper à la porte de mon frère ce dernier n’a pas répondu, sa femme aussi. À force de persister, mon frère a finalement répondu en disant : qu’est-ce qui se passe ? Elle dit : il y a quelqu’un dans la cour. Mon frère est sorti avec un gros couteau dans la main et il est venu, il voulait ouvrir. Mais il a demandé c’est qui ? Mais la personne n’a pas répondu. C’est ainsi que mon frère a pris la clef pour ouvrir la porte », a-t-elle narré.

Avant de poursuivre : « il a ouvert la première porte qui est vitrée, puisque la deuxième c’est la grande porte. Quand il a vu que les bandits étaient nombreux, moi j’en ai vu quatre, et ils voulaient l’attaquer, il a essayé de fermer la porte. J’ai été alertée par la sœur donc je suis venue en renfort. Quand j’ai vu que l’un voulait tirer j’ai reculé pour venir dans la salle à manger. J’ai entendu le cri de mon frère, sûrement qu’ils l’avaient touché. Il est tombé par terre et moi j’ai couru pour aller me cacher derrière la petite table et le fauteuil. Quelques instants plus tard, ils ont commencé à fouiller et à demander le propriétaire de la maison, vu que ma tante a dit que mon frère n’était pas là, ils ne savaient pas que c’est le propriétaire qui a été abattu en premier. Je ne sais pas si c’est les cris qui l’ont fait sortir, mais celui qui est dehors, il (Abdoulaye Camara ndlr) est sorti mais je ne me suis pas rendu compte à quel moment il a été touché. »

Après avoir tué une personne dehors et blessé un autre, les assaillants ont tenu vaille que vaille à emporter un butin, relate notre interlocutrice. « Ils ont commencé par dire aux enfants où votre père a caché son argent ? Ils ont amené les enfants dans la chambre de mon frère à plusieurs reprises un a un en pointant leurs armes sur eux. Ils ont fouillé partout. C’est ainsi qu’ils ont emporté mon téléphone et d’autres téléphones. Comme ma tante avait peur, elle est allée s’assoir là où je me cachais, ils ont allumé les lumières en ce moment, ils m’ont vue. Le monsieur m’a tiré et il a dit : c’est qui ça ? J’ai dit : faites doucement et prenez tout ce que vous voulez mais épargnez-nous. Ils m’ont conduite dans la chambre de mon frère ; ils étaient trois. L’un m’a demandée où mon frère cache son argent ? J’ai répondu que je ne sais pas. Qu’il était rare que j’entre dans cette chambre. Il m’a dit que si je ne montre pas qu’il va me tuer en proférant des injures. Il y a un quatrième qui est rentré, lui il a attiré leur attention. C’est là que je suis sortie en courant, au salon il n’y avait personne, mon frère était allongé au sol. En grimpant je me suis blessée au pied et il y avait un homme qui me poursuivait. Je suis venue derrière la maison. Au niveau des briques, j’ai sauté et quand ma sœur a demandé c’est qui ? Je lui ai dit que je partais chercher de l’aide. »

Ce qui a amené notre témoin à aller chercher un secours. « J’ai couru pour ne pas qu’on me repère. Je suis allée dans une maison inachevée jusqu’à environ 30mn c’est là que j’ai entendu 2 motos qui passaient à vive allure. J’ai commencé à emprunter les chemins détournés dans la brousse pour aller chez la seule personne que je connais ici, l’amie de ma sœur en disant : M’mah ouvre la porte nous avons été attaqués. Elle ne m’a pas répondue. Sans succès. Je suis allée devant une autre maison de la même concession j’ai vu qu’ils avaient des vitres. Donc j’ai poussé pour rentrer. C’est en ce temps que j’ai vu deux hommes couchés, heureusement la porte n’était pas fermée et j’ai demandé de l’aide en disant que nous avons été attaqués, de m’aider à transporter mon frère à l’hôpital. Ils ont eu peur en pensant que j’appartenais à une bande. Ils ont retardé avant de me donner une réponse. Je leur ai dit que si j’étais d’une bande, j’aurais déjà pu les attaquer, puisque j’étais déjà là. Ils sont sortis avec moi. Il y a un autre qui fait face à notre concession, comme j’ai vu qu’il avait allumé la lumière, je me suis adressée à lui. Mais il a fait semblant de ne pas me connaître. Il m’a dit qu’il ne peut pas sortir. J’ai dit aux autres de laisser on va partir. L’un des deux hommes m’a dit qu’il a vu deux hommes passer et j’ai demandé de faire attention, puisqu’ils étaient peut-être à ma recherche », a-t-elle dit.

Poursuivant sa narration, elle a rappelé : « on s’est cachés jusqu’aux environs de 3h 40 j’ai entendu les cris de ma belle-sœur apparemment elle avait sauté aussi. C’est là qu’elle m’a dit que Abdoulaye a été touché et qu’il est décédé.’’

Cependant, elle a rappelé que ce n’était pas la première fois que leur domicile était visité par des personnes malveillantes.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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