Le nouveau premier ministre Amadou Oury Bah était face à la presse ce mercredi au siège du porte-parolat du gouvernement à Conakry. Accompagné des cadres du secteur énergétique et des membres de son cabinet, le locataire du Palais de la colombe a passé en revue la situation énergétique du pays.
Il a tout d’abord fait référence aux événements malheureux survenus à Kindia qui ont occasionné deux morts. « Les événements de Kindia ont été des événements particulièrement regrettables et nous nous inclinons devant la mémoire des deux jeunes adolescents qui sont tombés. Nous prions pour le repos de leurs âmes et nous rappelons aux forces de défense et de sécurité que le maintien d’ordre est régi par des règles bien précises. Où on ne peut pas utiliser des armes à feu dans le cadre du maintien d’ordre. Deuxièmement : il est important que le procureur en charge de ce territoire puisse mener des enquêtes diligentes pour que les autorités à tous les niveaux puissent savoir comment cela se passe. Nous ne manquerons pas de demander aux autorités administratives de la région et de la ville de Kindia de nous fournir eux aussi d’amples explications sur la situation. A ce sujet nous regrettons de ne pas avoir été informé à l’avance des risques potentiels de soubresauts liés à la desserte de l’électricité à Kindia. Si on était informé, alerté, des dispositions idoines auraient pu être prises pour que la ville de Kindia ne connaisse pas une journée relativement violente hier », a rassuré le premier ministre.
Ensuite, Bah Oury a tenu à faire comprendre aux uns et aux autres les raisons qui conduisent à cette situation de délestage incessant : « Ceci dit, il faut que nos compatriotes comprennent dans quelle situation sommes-nous. Est-ce que nous avons empêché que le citoyen guinéen puisse bénéficier de la desserte en électricité. C’est non! Pourquoi ? Premièrement : les barrages n’ont plus suffisamment d’eau pour différentes raisons (…) le niveau d’eau est particulièrement bas. Continuer à utiliser cette eau, c’est prendre le risque de rendre les barrages inutilisables. Et ce serait une grave perte par la communauté nationale et pour le patrimoine en termes d’infrastructures de notre pays. Le niveau d’eau a atteint une côte d’alerte qui oblige à agir avec parcimonie jusqu’à ce que la situation puisse s’améliorer. Deuxièmement : les conséquences de l’explosion du dépôt de carburant ont un effet qui impacte d’une manière ou d’une autre l’approvisionnement en carburant de l’ensemble des installations qui fonctionnent avec le mazout, l’essence ou le gasoil. Troisièmement : qui est une conséquence de tout cela ; nos finances publiques subissent des pressions extrêmement importantes pour la satisfaction des besoins essentielles de la population. A titre d’exemple pour que tous les citoyens guinéens le sachent, si par exemple l’état guinéen engrange de manière globale des recettes de 3 mille milliards de francs guinéens, tout ce montant-là est englouti dans l’électricité. Ce qui fait que nous sommes dans une situation financière particulièrement tendue. »
Comparant la situation énergétique de 2024 à celle de 2008 lorsqu’il était ministre de la Réconciliation, le premier ministre a affirmé que la situation : « mérite qu’on approfondisse la réflexion, qu’on sache pourquoi la Guinée n’est pas parvenues à assurer sa souveraineté énergétique malgré tout ce qu’elle possède comme potentialité hydroélectrique et ensoleillement aussi. Ceci est du ressort des techniciens et des responsables de l’électricité dans notre pays. »
Il n’a pas manqué de parler des solutions envisagées pour sortir de cette situation : « aujourd’hui nous sommes en train de chercher dans l’urgence, une solution palliative pour nous permettre d’approvisionner ; d’améliorer ou de stabiliser le peu qui existe pour que la situation ne se retrouve pas dégradée au-delà de ce qui est acceptable. Nous sommes en train d’étudier cette question. Des alternatives réalistes sont en train d’être prises en compte. Nous allons vous le dire lorsque tout sera ficelé de manière à prendre en compte les contraintes techniques, financières et de délais pour que nous puissions donner une information et vraie à l’ensemble de la population guinéenne. Entre nous, nous aurons toujours le langage de vérité et le langage de ce qui est possible. Pas le langage de ce que nous voulons au risque d’induire nos compatriotes dans l’erreur. Nous travaillerons d’arrache-pied pour que cette période extrêmement difficile et tendue ne s’allonge pas dans le temps. Je ne vais pas donner de timing. »
Enfin, à la question de savoir s’il s’agit de faire revenir le bateau turc qui était utilisé avant pour la desserte en électricité, il a fait savoir : « c’est une possibilité d’avoir un bateau avec des centrales qui était privilégiée. Mais entre nous ce projet est relativement coûteux. Parce que cela nous obligerait en même temps de ravitailler ce bateau. Il faut louer le bateau, l’approvisionner en carburant pour la production de l’électricité. Je crois que c’est cette alternative qui existe avec le bateau. Mais il y a d’autres alternatives qui sont en train d’être explorées. Lorsque les procédures techniques ; réglementaires seront terminées cela nous permettra de communiquer à tous le résultat de ce que nous obtiendrons comme moyen d’assurer une production d’environ 150 mégawatts pour satisfaire la demande de surtout du grand Conakry. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com