Une délégation de Reporters sans frontières (RSF) séjourne actuellement à Conakry depuis quelques jours. Elle est venue apporter son soutien aux médias guinéens qui traversent des moments difficiles. En conférence de presse, ce vendredi 22 mars, Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne de RSF à Dakar n’est pas à l’aise.
“Je suis particulièrement triste parce que je suis actuellement dans un pays, le seul pays au monde où des médias performants, des médias qui font un service public mais un service public utile aux populations, ces médias sont brouillés. Je suis triste parce que je suis dans un pays où des médias qui font un service public utile aux populations ne sont plus accessibles. Pourquoi ? Grâce à une volonté pas encore affirmée publiquement mais dont on connaît plus ou moins la direction. Je voulais dire que cela est anachronique dans le monde actuel. La possibilité de priver des médias d’exister et de fonctionner est anachronique”, a-t-il fustigé.
Selon lui, “il faudrait que de plus en plus dans nos pays y compris ici en Guinée que les dirigeants puissent accepter des voix dissonantes, des contradictions et des voix plurielles. Et je le dis de manière solennelle qu’il est important pour ce pays là que le pluralisme puisse être assumé et reconnu sur le plan politique. L’impression que nous avons est que nous sommes en face des questions techniques qui empêchent des médias, des pourvoyeurs d’emplois. Les populations demandent aux autorités de développer le pays et dans le développement du pays, il y a la liberté de la presse. Le fait d’avoir des investisseurs courageux qui ont dégagé beaucoup de moyens pour que l’information puisse continuer est extrêmement important. Et nous appelons à ce que tout cela soit reconnu et assumé par les autorités de ce pays”.
Au cours de leurs séjours, les membres de la délégation de RSF ont rendu visite aux médias victimes de brouillage. “Nous avons rencontré les médias impactés par ces entraves. Nous leur avons exprimé notre soutien, le soutien de Reporters sans frontières, de l’ensemble de ses sections dans le monde. Nous sommes avec vous dans ces moments extrêmement difficiles, s’il y a des stratégies à aller vers le droit, nous sommes prêts à travailler avec les organisations pour cela. Mais ce qui nous semble plus important c’est d’aller très vite et de manière très urgente vers des solutions”, a-t-il fait savoir.
L’autorité a aussi été rencontrée. “Nous estimons que nos recommandations vont aller jusqu’à un niveau plus élevé de la hiérarchie pour que le paysage médiatique guinéen retrouve toute sa vitalité. Il ne faut pas tuer le journalisme en Guinée, il y a des jeunes journalistes partout qui tiennent à ce métier, aucune personne ne doit regarder le journalisme mourir en Guinée, personne ne doit regarder la liberté d’expression reculer en Guinée. Il faut que tout cela change, et que les médias qui sont brouillés puissent reprendre leurs activités. C’est ce que nous avons dit au Premier ministre puisque nous avons vu sa volonté d’aller vers des solutions et nous l’encourageons à aller vers des solutions pérennes pour que ces problèmes que nous avons enregistrés dans ce pays puissent être aplanis rapidement au grand bonheur de la population, au grand bonheur de la liberté de la presse et au grand bonheur même des autorités politiques”, a-t-il expliqué M. Marong.
Bhoye Barry pour guinee7.com