Censure

Poker politique en Guinée : L’armée, les maires et les enjeux de légitimité

L’observateur avisé de la politique guinéenne ne peut s’empêcher de penser à cette boutade de Top Sylla, journaliste émérite, éditorialiste : ‘‘Dieu créa la Guinée puis…il se mit à rire !’’

L’armée au pouvoir nous rappelle que les mandats des maires élus sont dépassés, mais a-t-elle oublié que son propre pouvoir découle d’un coup d’État contre un président fraîchement élu ? Ces maires ne sont-ils pas plus légitimes qu’elle ?

Les politiciens traditionnels, de leur côté, crient au scandale, arguant que les putschistes n’ont pas le droit de dissoudre les mairies. Mais est-ce que ces maitres de la langue de bois qui soutenaient la junte à ses premières heures, se rappellent que le président remplacé par le putsch était lui aussi élu ? Que l’assemblée, dissoute après le coup d’État était, elle aussi, composée de représentants élus par le peuple.

Nous sommes à bien des égards, dans un véritable jeu de poker menteur, où les règles changent au gré des intérêts du moment.

En réalité avec la dissolution des mairies, l’armée semble tout simplement se débarrasser du dernier bastion de la démocratie, tout cela au nom de sa propre loi, une loi qui semble être écrite au fur et à mesure qu’elle est violée.

Dans ce tohu-bohu politique, où le pouvoir change de mains plus souvent que les marionnettes d’un prestidigitateur, il est difficile de distinguer le vrai du faux, le légitime de l’illégitime.

La démocratie, cette idée noble et sacrée, est devenue un pion dans le jeu des ambitions personnelles et des intérêts de pouvoir.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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