Censure

Déguerpissement des alentours de l’aéroport. Les habitants contestent les motifs et préparent une action légale

Le communiqué du ministre Mory Condé, datant du 11 avril, par rapport au déguerpissement des « immeubles bâtis le long de l’aéroport international Ahmed Sekou Touré » fait frémir d’inquiétude dans les quartiers situés derrière la piste, notamment Gbessia port 2 et Bokarass. Ces citoyens ont vu leurs maisons marquées par les équipes chargées d’identifier « des habitations non conformes aux règlements d’installation dans les environs d’un aéroport. » Ndimba Radio s’est transportée sur les lieux pour recueillir les avis des citoyens.

L’autorisation de construction a été faite à l’habitat  

Pour Mohamed Jimmy Camara, propriétaire d’un bâtiment R+1, « c’est un sentiment de tristesse et une grande désolation. Parce que faire un investissement de plusieurs milliards et qu’un beau matin, tu viens voir des croix sur ta maison pour la démolition et cela aussi sans aucun fondement valable… Parce que la première fois quand j’ai vu la croix sur la maison, je me posais des questions. Parce que tu ne peux pas construire comme ça sans pour autant aller à l’habitat demander une autorisation de construction. Cela a été fait. Je n’arrive même plus à manger depuis le samedi. Ils sont venus un beau matin, mettre des croix. C’est hier à la télé que j’ai suivi le communiqué que ça concerne les bâtiments qui sont proches de l’aéroport. Mais vous-même, vous constatez la distance de ma maison par rapport à l’aéroport et que c’est aussi un bâtiment à R+1 » a-t-il confié.

Nous ne comptons pas nous laisser faire

Avant d’expliquer : « j’avais fait un premier plan que mon ingénieur a envoyé au ministère de l’urbanisme, ils ont dit de faire en R+1 que parce que c’est à proximité de l’aéroport. Donc il a fallu changer le plan, on a ramené et ils l’ont approuvé.  J’ai commencé le chantier, je l’ai terminé ; je m’apprête à déménager et on me dit que ça doit être démoli. »

Les concernés ne comptent pas rester inertes. « Dans les jours à venir, nous comptons nous retrouver. Puisque nous ne comptons pas nous laisser faire. J’ai appelé mon avocat et je lui ai expliqué la situation et on doit porter plainte contre l’Etat via le ministère de l’urbanisme. Même les écoles ne sont pas épargnées. On va se faire entendre dans les prochains jours. On ne va pas badiner avec ça. Ce n’est pas une seule personne qui est touchée. Mais tout le quartier », a lancé M. Camara.

Le secrétaire général dans sa première version nous dit n’être au courant de rien

Pour Ramata Doumbouya, une autre habitante : « ça été une grande surprise de voir l’équipe. Je leur ai demandé le motif, ils ont dit que c’est la Présidence qui les a délégués pour venir faire cela et qu’ils vont nous demander les documents de la maison. Ils disent que nous irons à l’urbanisme pour nous expliquer. Nous y sommes allés. Le secrétaire général dans sa première version nous dit n’être au courant de rien et que c’était leur première nouvelle. Nous étions très surpris. Nous avons donné les documents et nous leur avons laissé les documents. Hier à notre grande surprise cela a été annoncé au journal, certains nous ont appelés pour le dire aussi. Et on a vu le ministre Mory Condé qui a dit que toutes les maisons qui sont à un ou deux niveaux à l’alentour de l’aéroport feront l’objet de déguerpissement. »

Nous laisser ici ou de nous dédommager

Enfin, « on est très très déçus de la nouvelle. Nous n’avons qu’ici et nous n’avons nulle part où aller. Ce qu’on peut dire au gouvernement, c’est de nous laisser ici ou de nous dédommager. Nous donner ce que nous avons investi. Nous avons tous les documents. On plaide de ne pas nous mettre dehors. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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