Mamadi Camara, ancien ministre de l’Economie et des Finances a comparu devant la chambre de jugement de la CRIEF, ce lundi 15 avril 2024. Il lui est reproché entre autres des faits présumés de détournement derniers publics.
Tout d’abord, le président de la cour lui a demandé comment fonctionnait le paiement des salaires. Ce à quoi l’ancien ministre a répondu : « je ne suis pas compétent. Je ne peux. Le ministre des finances ne peut pas vous le dire. Ceux qui peuvent vous le dire c’est le ministre du Budget qui établit le montant global des salaires sur la base des éléments fournis par le ministre de la Fonction publique qui est seul habilité à embaucher, recruter ou envoyer les travailleurs à la retraite. Ce n’est pas du ressors du ministre des Finances. »
Ensuite, le juge faisant référence à un document a posé la question par rapport à la gestion d’une somme d’argent.
Dans ce document il est écrit : « Au cours des exercices 2018, 2019 et 2020, Un rapport de l’IGE (inspection générale de l’Etat), il y a un montant total de 314 milliards 757 millions 250 mille 698 de dette intérieure qui a été payée par l’ordonnateur direct avec la mention dettes intérieures auditées. Il a été observé dans le même rapport que les arriérés intérieurs n’ont pas été payés aux ayant-droits, alors que les paiements à la hauteur de 80 milliards 349 millions 913 mille 302 francs ont été payés à certains fournisseurs, mais des fournisseurs qui ne figurent pas sur la liste fournie par le cabinet de l’audit. »
Face à ce constat du juge, le prévenu a fait savoir : « le cabinet d’audit a bien vu ces dossiers. Nous avons fait des vérifications. Sur un listing de 20 et quelques, nous avons retrouvé les traces de paiements de 15 linges des créances auditées par le cabinet CDG. Donc quand l’IGE dit que c’est des paiements qui ont été faits sans qu’on ait audité les créances incriminées, cela ne correspond pas à la réalité. »
Avant de poursuivre : « à cet égard, il convient de faire remarquer que le solde de la dette 1 million d’euros sur 2 millions avant 2022 concernant le créancier Intertech a été validé pour paiement en 2022, donc après mon départ. Cela suffit pour infirmer les conclusions de l’IGE prétendant que toutes ces dettes ont été réglées sans études préalables. Mais nos recherches concernant les 8 autres créances se sont heurtées au fait que la direction de la dette nous a demandé d’écrire au ministre des Finances pour avoir le feu vert de ce dernier. Cela je ne l’ai pas fait. Je n’avais pas à lui écrire. C’est peut-être l’inspection qui devait écrire au ministre et pas moi qui suis hors du circuit maintenant. »
Il a été amené à lister ses biens. À ce propos, il a indiqué avoir : « 2 maisons à Conakry, 2 maisons à Kankan, précisément Womané 75 kilomètres de Kankan, j’ai aussi une plantation dans mon village ainsi qu’une ferme. »
Il a aussi listé ses comptes auprès de différentes banques : » j’ai des comptes à Orabank, c’est un compte devise où il y a actuellement 1000 dollars, ouvert en 1995 quand je travaillais à la SEPEC. J’ai un compte en francs guinéens qui a un peu plus d’un milliard; ce compte recevait mes salaires et mes primes de ministre. Il a été ouvert quand j’ai été ministre. Encore à UBA, j’ai un compte en dollars qui recevait mes honoraires quand j’ai commencé à travailler à la BAD basée à Tunis où j’ai travaillé pendant près de 10 ans. Il y a dans ce compte plus de 100 000 dollars. Compte ouvert en 2006. J’ai aussi un compte en euros qui a 1000 euros. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com