Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Yaya Kaïraba Kaba, a rencontré à Kaloum, vendredi dernier, les chefs des différentes juridictions du pays pour échanger sur les difficultés liées au secteur.
Le procureur général près la cour d’appel de Kankan, Mamadou Dian Bora Diallo, au nom des parquets généraux a signalé certains problèmes tels que : L’absence de diligence dans le traitement des dossiers par les magistrats dans certaines juridictions; le ratio inadéquat entre les personnes condamnées et personnes détenues en milieu carcéral, des problèmes structurels comme le manque de prisons civiles dans certaines juridictions, comme Pita…
Ensuite, il a rappelé l’ qu’ ‘‘un procureur de la République n’est pas un élément isolé dans cette chaîne pénale. Un procureur de la République doit conférer, échanger, recueillir les instructions du parquet général. Le parquet général ne peut pas, ne doit pas et ne saurait être mis devant le fait accompli dans la gestion des procédures des parquets de son ressort. Les communications, les conférences de presse, les commentaires sur les réseaux sociaux, a mon avis, cela devrait être fait après avis du parquet général ».
il y a de ces photos de magistrats femmes avec des décolletés, des maquillages, du rouge à lèvres, des ongles
En prenant la parole, le ministre a répondu : « J’ai avancé dans mon discours de prise de fonction que la justice doit quitter la rue, la juste doit quitter les réseaux sociaux. Je ne sais pas si tout le monde a entendu cette phrase ; je ne sais pas si ceux qui l’ont entendu l’ont bien compris. Toujours est-il que la justice est encore dans les rues. Je vais engager une lutte à outrance contre certaines pratiques. Des magistrats que vous êtes, avec les qualités que l’on vous reconnait, vous qui devez être l’exemple de la société, ne refusez pas d’être cet exemple là en adoptant certains comportements vraiment néfastes. Je vois certaines photos de magistrats sur Facebook avec des commentaires, mais tu as l’impression que c’est des acteurs de cinéma. Eux seuls peuvent composer les phrases qu’ils emplois. Ça porte atteinte à la dignité du magistrat. Surtout quand je vois dans la présentation des intéressés que je suis magistrat, alors là non ! Parce qu’ailleurs, un magistrat n’agit pas comme ça. Un magistrat n’expose pas sur la toile sa vie privée. Un magistrat protège son intimité, protège son habillement. Que mes sœurs m’excusent. Mais il y a de ces photos de magistrats femmes avec des décolletés, des maquillages, du rouge à lèvres, des ongles comme ça, changez un peu à cause de votre qualité de magistrat. »
Aussi, « les décisions de justice, sont sur la toile. Est-ce que cela est normal ? Répondez-moi mes frères ». A l’unissons, les magistrats répondent : « non ! »
Et le ministre de continuer: « puisque ce n’est pas normal, désormais, si je vois une décision sur la toile publiée par un magistrat, franchement, je réagirais contre ce magistrat. Si c’est fait par sa complicité, je réagirais contre ce magistrat. »
vous pouvez tout dire hein, mais si vous dites quelque chose à coloration politique, qui heurte la dignité de la corporation
Pour lui, « l’implication des magistrats dans les débats politiques, les avis désagréables, les avis donnés par rapport à un problème politique, les avis donnés par rapport à un problème politique ou un homme politique de la part d’un magistrat, je vous assure que je poursuivrais devant le conseil supérieur de la magistrature ».
Avant d’insister : « ce n’est nullement une menace. Mais un simple avertissement. Par rapport aux réseaux sociaux et aux médias. J’invite chacun à une méfiance comme si c’était la peste qui est annoncée. Parce que vous pouvez tout dire hein, mais si vous dites quelque chose à coloration politique, qui heurte la dignité de la corporation, qui est en lien avec les dossiers, qui partage et commente les décisions, qui tiennent des propos désagréables à l’égard ou contre un collègue magistrat ou un homme politique sur les réseaux, je prendrais mes dispositions. Je ne veux pas être un distributeur de suspension dans le milieu judiciaire. Ne m’amener à l’être. Parce que quand je vais y prendre goût… ressaisissons nous moralement ! »
Yaya Kairaba a invité les magistrats à instaurer la concertation et la consultation entre eux et se départir de leurs ‘‘egos ».
Avant de déclarer enfin : « Nous sommes conscients de nos tares, faisons l’effort maintenant de changer positivement. La justice guinéenne est décriée. Faisons-nous violence pour que nous soyons applaudis par nos compatriotes. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com