Censure

Auto régulation des médias : Une fausse solution à un vrai problème ?

Les autorités militaires au pouvoir en Guinée ont exprimé leur profonde déception envers les responsables de médias locaux, les jugeant apparemment comme des éléments incontrôlables. Le président de la junte au pouvoir, le Général Mamadi Doumbouya, qui, selon son Premier ministre Bah Oury, est « très déçu du comportement de certains hommes de médias pour lesquels il a fait beaucoup de choses », n’a pas souhaité rencontrer ces représentants des médias.

Certains se demandent s’il y avait un accord secret entre les deux parties qui n’aurait pas été respecté. Les rumeurs vont bon train, mais rien n’a été confirmé pour l’instant. Ce que nous savons, c’est que le président est désappointé par le manque d’engagement des responsables de médias envers les nouvelles directives.

La justification de cette sévérité envers la presse serait le prétendu manque de professionnalisme qui régnerait au sein de la corporation. Cependant, certains responsables de médias semblent avoir pris conscience des dérapages et, avec les conseils des autorités, ont décidé de mettre en place un organe d’autorégulation : L’Organe Guinéen d’Autorégulation de la Presse Privée (OGAPP).

Cette initiative n’est pas nouvelle en Guinée. Elle remonte aux débuts des années 2000, avec la création de l’OGUIDEM (Observatoire guinéen de la Déontologie et de l’Éthique dans les médias), mais s’est vite avérée inefficace en raison notamment de certains facteurs : la mauvaise foi de certains journalistes qui sont justement allergiques aux jugements de leurs pairs perçus comme des rivaux ; le manque de pouvoir de coercition puisque contrairement à la HAC, l’organe d’autorégulation ne peut pas infliger de sanctions ; et aussi le manque de moyens financiers et matériels pour son fonctionnement…

Certes, le problème du financement pourrait être résolu aujourd’hui, mais le principal défi demeure le comportement de cette nouvelle caste de journalistes qui se croient au-dessus des critiques et qui ne supportent pas d’être contredits ou corrigés même lorsqu’ils commettent une faute professionnelle manifeste.

Pendant que la presse cherche son chemin de Damas, les autorités militaires semblent décidées, elles, à poursuivre dans la voie d’une domestication de ce que l’on qualifie chez nous abusivement de quatrième pouvoir.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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