Censure

Sinistrés de Coronthie. Kétouré poursuivi pour avoir parlé de ‘‘banditisme d’Etat’’

Le président du Comité des sinistrés de Coronthie était devant le tribunal de première instance de kaloum, jeudi. Mamoudou Cifo Kétouré est poursuivi pour « outrage, injures, diffamation, atteinte à l’ordre public, menace et incitation à la violence ».

La décision du tribunal est attendue pour ce vendredi. Pendant la phase des plaidoiries et réquisition le procureur a requis 6 mois d’emprisonnement assortis de sursis.

À la barre, le prévenu a dit ne pas reconnaître les faits qui lui sont reprochés.

La juge lui a donné l’opportunité de revenir sur les faits qui l’ont conduit à la barre.

Investi selon lui de de la confiance des sinistrés, Kétouré est revenu sur les différents échanges qu’il a eus avec le Général Balla Samoura, ainsi que la gouverneure de Conakry, Gal à la retraite M’mahawa Sylla.

Continuant son récit, il a signalé des faits désobligeants qui se sont glissés dans la résolution des soucis des sinistrés de Coronthie, notamment, des jeunes qui parlaient au nom des sinistrés alors que c’est lui qui avait été désigné par ces derniers le 3 février 2024, à la Bleuezone de Kaloum devant les autorités.

Qu’est-ce que je peux faire à l’Etat, je n’ai même pas 70 kilos

En prenant la parole, le procureur lui a demandé si c’est parce qu’il sentait sa position d’interface menacée qu’il a été violent dans ses propos ? Le prévenu a répondu que non. Tout en ajoutant : « J’œuvre dans le sens de la paix. Je suis un enseignant. Tout ce qui m’intéresse c’est le bien-être des sinistrés. »

Le prévenu a regretté la façon dont il a été arrêté. « J’ai été attrapé par le pantalon comme un bandit, on m’a terrassé, on m’as trimbalé et on m’a jeté dans un pickup. Ils ont préféré l’usage de la force contre un paisible citoyen qui a même aidé l’Etat à éviter la violence » a-t-il déclaré.

Avant de poursuivre : « Qu’est-ce que je peux faire à l’Etat, je n’ai même pas 70 kilos. On n’a pas besoin d’un contingent pour venir m’arrêter. » Face au procureur il a insisté : « je ne reconnais pas avoir tenu dans propos désobligeants. »

Le parquet s’est appesanti sur l’expression « banditisme d’Etat ».

Ce à quoi le prévenu a répondu : « dans banditisme, il y a le mot bande. Il y a une bande de jeunes qui désinforme nos parents. Et tout ce qu’ils disent, ils font comme s’ils parlaient au nom de l’Etat. Je pouvais dire l’Etat est bandit ou le Banditisme de l’Etat. Puisque c’est le français il y a des figures de style. Chacun comprend en sa façon. »

Avant d’ajouter que : « c’est l’information qui est passée à la RTG disant que les 55 concessionnaires sont d’accord pour le bail partage. C’est quelqu’un qui est venu faire un reportage. C’est une information que j’ai traitée de banditisme. Je n’ai pas dit à l’Etat qu’il est bandit. »

Le procureur lui a aussi demandé s’il ne trouve pas que le mot banditisme est péjoratif ?

Il a expliqué ce mot en son sens comme étant :  » une ruse, c’est la tromperie. Il ne faut pas que vous prenez ça dans le mauvais sens. »

Avant de dire : « si ma femme me dit bandit j’accepte, si mon enfant me dit aussi, je l’accepte. J’ai beaucoup d’amis ici, on se dit ça à longueur de journée. »

Il a aussi dit grâce aux questions de l’un de ses avocats que ce mot a découlé de : « ma bonne foi d’attirer l’attention de l’Etat pour leur dire qu’il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec ce que le reportage disait. Et que ce n’était pas la réalité. »

Dans ses réquisitions, le procureur a demandé au tribunal de prendre les faits du prévenu comme étant un dérapage grave de sa part. Ainsi, de le retenir dans les liens de la culpabilité.

Il a donc requis six mois d’emprisonnement assortis de sursis. Une peine qui selon lui a un caractère de rappel et éducatif.

On ne doit pas humilier un enseignant

Après les plaidoiries des avocats qui ont demandé la libération pure et simple de leur client, Me Adama Skel  Fofana, au sortir de la salle a fait savoir que même si la condamnation en sursis était prononcée, il pourrait faire appel pour ne pas que le dossier de son client soit sali.

La sphère éducative non plus n’est pas contente de cette arrestation qui viole selon elle, le caractère sacré que revêt la profession d’enseignant. Selon Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE), « On ne peut pas débarquer dans une école pour dégager plus de cinquante gaz. Vous savez que l’école c’est un lieu d’apprentissage et que les enfants doivent être dans un bien-être psychosocial (…) On ne doit pas humilier un enseignant. Parce que celui qui porte la tenue est passé par l’école. En tant que syndicat, nous avons déploré cet état de fait. Nous nous  demandons même si ceux qui l’ont fait sont pour la paix, sont pour le président », a laissé entendre le syndicaliste.

Avant d’exprimer son espoir : « nous syndicat de l’éducation, nous avons privilégié la paix. Puisque le ministre de l’Enseignement Pré-universitaire nous a appelés de ne pas appeler les enseignants à la grève. Ça devrait être notre dernière option. Nous attendons la décision du tribunal. Au regard des plaidoiries effectuées et voir les circonstances atténuantes évoquées par le procureur, nous comprenons qu’eux-mêmes voient que les charges alléguées contre notre camarade sont légères. Mais nous pensons que c’est une perte de temps puisque le dossier est vide de contenu. Comme il est vide de contenu, ils ont dû renvoyer à demain pour ne pas dire que c’est sous la pression qu’ils ont libéré notre camarade. Donc il faut le garder aujourd’hui pour qu’il soit libéré demain. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.