Censure

Pépé Francis Haba : ‘‘Est-ce que nous avons les moyens de demander le départ du CNRD’’ ?

Pépé Francis Haba, président de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD) et coordinateur de l’Alliance nationale pour la République (APR) a accordé une interview à notre rédaction. Le retour à l’ordre constitutionnel, la récurrence des cas d’incendie en Guinée, sont entre autres sujets abordés. Lisez !

On peut quand même reprocher à Bah Oury

Guinee7.com : Samedi dernier, le Premier ministre, Bah Oury a annoncé que le chronogramme de la Transition tel que signé avec la CEDEAO ne sera pas respecté cette année. Votre réaction ? 

Pépé Francis Haba: Je pense que le premier ministre Bah Oury, n’a fait que décrire la situation sociopolitique de notre pays. Effectivement le constat est amer mais le constat est aussi vrai. Il est compliqué aujourd’hui qu’on puisse à la fois faire le référendum constitutionnel, faire les élections législatives, les élections locales et les élections présidentielles. L’accord dynamique qui avait été signé entre le CNRD et la CEDEAO, parlait de 10 points essentiels et il y a le RHGP4 et le RAVEC qui constituent les deux premiers points majeurs. Dès lors que le RAVEC est fini, le reste du calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel peut se dérouler de façon aisée. On peut quand même reprocher à Bah Oury le fait qu’il n’ait pas rassemblé toute la classe politique, le fait qu’il n’ait pas rassemblé les acteurs socio-politiques au niveau du cadre de dialogue pour discuter de cette question importante de l’exécution du calendrier. Même s’il y a du retard, je pense qu’il devait devant les acteurs sociopolitiques justifier pourquoi il y a eu ce retard et démontrer qu’on peut organiser les élections sur 10 ou 12 mois. Aujourd’hui nous acteurs sociopolitiques nous avons besoin que le CNRD et son gouvernement nous présentent un calendrier précis. Même si nous allons au-delà du 31 décembre 2024, nous avons besoin d’un calendrier. Aujourd’hui nous sommes en train de naviguer comme si nous ne connaissions pas notre destination finale, alors que les acteurs sociopolitiques ont besoin d’un calendrier précis pour qu’ils puissent se préparer, mobiliser leur structure, la base pour aller aux élections. Je pense que c’est cette question qui reste à faire. Dès lors que le premier ministre viendra avec un calendrier précis, je pense que les acteurs socio-politiques, même ceux qui ne sont pas d’accord avec les glissements de calendrier vont se préparer pour aller compétir aux futures élections.

Pendant ce temps l’ANAD n’exclut pas de demander une nouvelle Transition civile cette fois-ci ?

C’est bien beau de demander une nouvelle Transition, c’est bien beau de demander le départ du CNRD mais est-ce que nous avons les moyens pour le faire ? Est-ce c’est même important de le faire ? Parce qu’en voulant déstabiliser la Transition actuelle, une nouvelle Transition sera obligée de faire un nouveau calendrier électoral. On pourrait perdre beaucoup plus de temps. Je pense qu’aujourd’hui nous devons tous nous donner la même et réclamer un dialogue inclusif, au sein du cadre de dialogue, demander au CNRD de venir avec un calendrier précis. C’est ce calendrier qui va nous permettre de suivre le déroulement de la Transition. Mais aujourd’hui ils ont signé un chronogramme avec la CEDEAO, sans délai d’exécution de chaque activité. Tant qu’on ne saura pas quand l’élection référendaire aura lieu ? Quand irons-nous aux élections législatives ? Quand nous ferons les élections locales et quand on va compétir pour l’élection présidentielle ? Je pense que nous continuerons à discuter pour ne rien. Je pense que c’est ce qu’il faut exiger aujourd’hui au CNRD et à son gouvernement. On ne peut pas parler d’une nouvelle Transition parce que cette Transition est en train de rectifier beaucoup de choses du passé même si tout n’est pas rose…

Dans notre pays très souvent, les premiers ministres sont des plantons des présidents de la République

Vous parlez du CNRD, sauf qu’il est muet sur le glissement du calendrier de la Transition. Seul le premier ministre en parle… 

Dans notre pays très souvent, les premiers ministres sont des plantons des présidents de la République. Les premiers ministres guinéens ce n’est pas eux qui choisissent le gouvernement. Ils ne sont là-bas généralement que pour représenter le président de la République par rapport à certaines choses. Sinon les décisions majeures sont prises par le CNRD. Si vous voyez le premier ministre est en train de le faire c’est parce que le CNRD lui a soufflé à l’oreille que c’est ce qu’il faut. Parce qu’on lui a prouvé que les activités ne peuvent pas être exécutées avant le 31 décembre 2024. C’est tout ce qu’il est en train de faire. C’est le porte-parole du CNRD on peut le dire comme ça.

Le CNRD et son gouvernement restent droit dans leurs bottes

Une nouvelle coalition d’organisation de la société civile et des acteurs politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel vient d’être lancée à Conakry. Est-ce le moment de lancer une telle initiative ?

C’est une bonne chose. La pluralité politique, la pluralité d’associations, la libération que notre constitution, nos lois nationale et supranationale donnent aux gens de s’associer, d’avoir des initiatives personnelles est une bonne chose. C’est ce qui fait la beauté de la démocratie. Il faut de la contradiction, il faut de la pluralité. C’est pourquoi je dis, toute initiative qui vient pour renforcer la démocratie, pour critiquer la gouvernance, proposer des nouvelles solutions, je pense que c’est une bonne chose. Moi je leur souhaite bon vent. De toute les façons, le CNRD et son gouvernement restent droit dans leurs bottes. Ils ont un accord avec la CEDEAO qu’ils sont en train d’exécuter. Aujourd’hui, n’eussent été les incendies, notre pays est assez paisible, calme et uni vers le retour à l’ordre constitutionnel.

Cependant, la même coalition demande au peuple de Guinée de ne plus reconnaître le CNRD après le 31 décembre 2024. 

C’est bien beau, je ne connais pas le poids politique de cette coalition parce que nous sommes dans une nouvelle Transition. Les partis politiques se sont restructurés, ils sont répartis dans la nouvelle conquête de l’électorat. Honnêtement je ne vois pas comment ils vont y arriver si ce n’est que communiquer. Je ne vois pas comment cette coalition arrivera.

Les bouches d’incendie qu’on trouve dans les capitales modernes d’Afrique de l’ouest, on n’en trouve pas en Guinée 

Vous parliez des cas d’incendie en Guinée. Un mot là-dessus ?

Je pense que notre pays est extrêmement malade du point de vue de la sécurité, du point de vue de la lutte pour la maîtrise des incendies. Même l’avenir est extrêmement sombre parce que nos différentes structures de lutte contre les incendies ce sont des structures un peu moribondes, elles n’ont pas de véhicules performants, elles n’ont pas les moyens de leurs politiques, je pense qu’il y a énormément de choses à faire. Les bouches d’incendie qu’on trouve dans les capitales modernes d’Afrique de l’ouest, on n’en trouve pas en Guinée. Vous allez circuler dans tout Ratoma vous n’allez pas trouver une seule bouche d’incendie, il n’y a même pas d’eau à la pompe. Comment voulez-vous qu’on lutte contre les incendies ? Je pense qu’on a énormément à faire. Ça doit être une priorité pour le gouvernement. Il doit faire des enquêtes. Que ceux qui sont à l’origine de ces incendies soient arrêtés et qu’ils paient conformément aux dommages qu’ils ont causés aux paisibles populations. Mais il y a énormément de défi à relever de ce point de vue.

Vos pistes de solution pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel en Guinée ?

Moi je pense aujourd’hui que le premier ministre et son gouvernement doivent se rappeler effectivement qu’ils ont mis un cadre de dialogue inclusif en place qui rassemble énormément des acteurs socio-politiques, ils doivent venir avec le niveau d’exécution de chaque activité pour discuter avec ces acteurs là et ensemble nous allons essayer d’établir un nouveau chronogramme réaliste, raisonnable pour qu’en fin, notre pays la Guinée, puisse connaître des élections présidentielles, puisse connaître le retour de la démocratie. C’est ce qui pourra beaucoup attirer les investisseurs, c’est ce qui permettra aux acteurs économiques de se développer, d’investir massivement pour le développement harmonieux de notre pays et pour permettre naturellement d’apporter le bonheur au sein de la population guinéenne.

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com

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