La défense du capitaine Moussa Dadis Camara continue de plaider dans le cadre du procès des événements du 28 septembre 2009. Ce mardi 11 juin 2023, Me Pépé Antoine Lamah a pris la parole pour défendre l’ancien putschiste guinéen.
Dès le début de son intervention, Me Pépé Antoine Lamah a qualifié le procès d’“injuste” et de “discriminatoire”. Il a affirmé que “suite à une instruction bâclée, apocryphe et orientée, le capitaine Moussa Dadis Camara et d’autres personnes innocentes proches de lui ont été sélectionnés dans des conditions déplorables pour être jugés, tandis que d’autres attendent encore d’être traduits devant le tribunal”.
Sur les réquisitions du ministère public
Me Pépé Antoine Lamah a critiqué le ministère public pour avoir requis de lourdes peines contre son client, estimant que le parquet avait fait fausse route.
“À la fin d’un réquisitoire saccadé, incongru et discriminatoire, rempli de contrevérités, le ministère public a requis des peines sévères contre le président Moussa Dadis Camara. Monsieur le président (le président du tribunal, NDLR), sans hésiter, je peux affirmer que le ministère public a manqué son rendez-vous avec l’histoire, décevant ainsi la société qu’il représente. La condamnation à perpétuité demandée a suscité de nombreuses réactions, tant au sein du pays qu’à l’extérieur. L’erreur du menuisier qui lui confère le privilège d’être assis sur le même plateau que le tribunal et porter la même robe que vous et vos assesseurs, a contribué à ce que certains citoyens prennent pour acquises ses réquisitions incohérentes et vides de fondement juridique”, a-t-il déclaré.
“Comment peut-on, dans un procès aussi médiatisé, requérir les mêmes infractions pour tous les accusés, ignorer les circonstances atténuantes et proposer des peines différentes ? Quelle injustice ! De qui se moque-t-on dans ce prétoire” ? s’est interrogé Me Lamah, ajoutant que “le parquet se moque du tribunal, de nous et du peuple de Guinée”.
De l’irrecevabilité de la constitution de parties civiles de certaines ONG
Me Pépé Antoine Lamah a plaidé pour que certaines ONG ne soient pas reconnues comme parties civiles dans ce procès, arguant qu’elles n’avaient pas fourni de documents attestant leur existence au tribunal.
“En se basant sur l’article 156 du code de procédure pénale, il est évident que certaines ONG n’ont pas produit les documents nécessaires. Lors de l’ouverture de cette procédure, des confrères avaient déjà soulevé ce problème, et le tribunal avait jugé opportun de discuter de la recevabilité des constitutions de parties civiles. Je pensais que les autres auraient mis leurs dossiers à jour, mais ce ne fut pas le cas. En l’occurrence, la FIDH, l’OGDH et l’AVIPA n’ont pas fourni leurs statuts au dossier et n’ont pas prouvé que les victimes leur avaient donné mandat de se constituer parties civiles. C’est pourquoi nous demandons, monsieur le président, de les déclarer irrecevables en tant que parties civiles”, a plaidé Me Lamah.
Bhoye Barry pour guinee7.com