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Censure

HAC. Tranches de vérités gênantes : Le crime des commissaires…

Deux commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC) ont été sanctionnés… par la HAC elle-même ! Leur crime ? Avoir osé révéler au grand jour certaines vérités qui se murmuraient.

L’organe de régulation a jugé que les propos de ses membres étaient ‘‘diffamatoires à l’encontre des hautes autorités du pays et de certains médias’’. D’aucuns n’ont pu s’empêcher de traduire : ils ont eu le tort de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

En réalité, la HAC, qui sanctionne des médias pour des ‘‘raisons de sécurité’’ mystérieuses, invoquées par les mêmes hautes autorités, semble avoir du mal à convaincre du bien-fondé de punir ses membres pour avoir ‘‘diffamé’’ ceux-là.

En grattant un peu à la surface de cette décision, il devient évident que la véritable faute des deux commissaires est d’avoir mis en lumière certaines réalités embarrassantes. Par exemple, ils ont eu l’outrecuidance d’insinuer que les militaires seraient prêts à tout pour conserver leur pouvoir. Pire, ils ont osé soutenir que dans un régime d’exception, on ne peut pas vraiment parler d’application de la loi. Si ce n’est celle de la force brutale.

En d’autres termes, ces commissaires n’ont pas encore appris que certaines vérités sont faites pour être chuchotées et non clamées.

La HAC, gardienne autoproclamée de la décence publique, semble être tombée dans un paradoxe orwellien. Comment peut-elle prêcher la liberté d’expression tout en muselant ceux qui l’exercent ? Peut-être devrait-elle ajouter un nouvel amendement à ses règles : « Tout ce qui est vrai n’est pas bon à dire. » Surtout quand d’obscures raisons sécuritaires polluent l’air ambiant.

Il est amusant de voir la HAC se transformer en une sorte de ministère de la Vérité, où seules les réalités agréées par les autorités peuvent être exposées sans conséquence. Les commissaires incriminés ont simplement oublié qu’il y a une différence entre la réalité et ce que l’on veut bien en dire. Ils n’ont pas su naviguer dans les eaux troubles de la diplomatie des mots. Car après tout, dans notre ère de communication policée, ce n’est pas ce que l’on sait qui compte, mais ce que l’on dit.

Pendant que ces commissaires méditent sur leur sort après avoir battu leur coulpe, peut-être que les autres apprendront la leçon : il est parfois plus sage de laisser certaines vérités en berne, où elles peuvent se murmurer discrètement sans troubler le sommeil de ceux qui détiennent le pouvoir.

Finalement, la morale de cette histoire ? Parfois, il vaut mieux pratiquer l’art subtil du silence. Après tout, pourquoi risquer de bouleverser un système si bien huilé en ‘‘révélant’’ ce que tout le monde sait déjà ?

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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