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Censure

Poursuivis pour ‘‘diffamation à l’encontre du chef de l’Etat’’, les deux commissaires de la HAC font leur mea-culpa

Ibrahima Tawel Camara et Djènè Diaby, deux commissaires de la Haute autorité de la communication, placés sous mandat de dépôt la veille, étaient à la barre du TPI de Kaloum ce mercredi 19 juin. Poursuivis pour des faits présumés de diffamation à l’encontre du chef de l’Etat, les deux ont reconnu les faits qui leur sont reprochés avant que l’affaire ne soit renvoyée au 20 juin 2024 pour les réquisitions et plaidoiries.

À la barre, le commissaire Ibrahima Tawel Camara chef de la mission a plaidé coupable et a expliqué cette ‘‘erreur’’ par les aléas du direct. « Nous étions à l’intérieur du pays pour une mission de sensibilisation dans le but de respecter l’éthique et la déontologie du métier. Nous avons fait le tour des médias, rédaction par rédaction, ensuite nous avons rencontré l’ensemble des rédactions. C’est dans la phase des questions réponses de cette rencontre, qu’il y a eu dérapage. Ce n’est pas facile de parler.  Nous on ne savait pas qu’on était retransmis en direct par certains sites en ligne. Ils devraient nous informer qu’on était en direct. Mais cela n’a pas été fait. Surtout le site Guineematin.com. D’ailleurs, à l’arrivée de notre équipe à la HAC, c’est le premier média qu’on a eu à sanctionner justement pour avoir fait le direct lors de l’élection. Depuis lors, c’est comme s’ils cherchaient à trouver une faille dans nos faits et gestes. En plus, ces mêmes personnes qui ont fait ce reportage n’étaient pas parmi les médias invités », a-t-il expliqué.

« C’était dans l’euphorie, parce qu’il y avait des journalistes qui nous avaient envoyés des questions qui n’avaient aucun rapport avec le message de la sensibilisation porté par la mission. Nous n’étions pas tenu obligés de répondre, mais nous ne savions pas qu’on était en direct. Le travail d’un journaliste, même quand il fait une interview, ce n’est pas de divulguer tout ce que l’interlocuteur dit. Il doit trier. Tout ce qui était dit n’était pas censé sortir de là-bas. Parler ce n’est pas facile. Surtout quand nous sommes avec des journalistes. Ces déclarations ont juste été une erreur de langage », a ajouté le commissaire.

Confronté à la question du parquet sur la possibilité d’apporter des preuves sur les propos qu’ils ont tenus, le prévenu a déclaré : « non, je ne peux pas. Je vous assure que cela a été une erreur de langage. Nous présentons des excuses à tout le monde. A commencer par le Premier magistrat, le chef de l’État, les patrons de presse et même aux citoyens. »

Djènè Diaby à la barre, a évolué dans le même sens que son collège : « au cours de la conférence de presse nous avons tenu des propos graves on était dans l’euphorie. Mais dès après la conférence, quand je me suis rappelée de ce que j’ai eu à dire dans l’euphorie, j’ai compris que ce n’était pas bon et j’ai eu peur. Je voulais même faire un direct pour démentir mes propos lors de la conférence de presse mais déjà il était trop tard. Quand je me suis connectée j’ai vu que mon nom était partout sur le net et les gens m’appelaient pour me dire qu’ils ont suivi nos propos dans la presse. »

Elle a reconnu avoir dit : « ces gens-là sont des militaires, quiconque s’arrête devant eux même si c’est leurs propres mères ils vont le tuer. » J’ai dit aussi : « j’ai de la compassion pour les techniciens mais pas pour les patrons de presse qui sont allés prendre de l’argent au palais. Mais honnêtement je n’ai aucune preuve de ce que j’ai dit. Franchement je me demande qu’est-ce qui m’avait pris à tenir ces propos ! C’est dans l’euphorie que j’ai tenu ces propos parce que naturellement j’ai le sang chaud. »

« La conférence a duré environ 2h mais j’ai parlé sans me rendre compte. On était dans l’euphorie. J’ai honte de ce que j’ai dit, je regrette d’avoir tenu ces propos et demande pardon », a-t-elle regretté.

À la suite de cela, le procès a été renvoyé au 20 juin 2024 pour les réquisitions et plaidoiries.

A rappeler que ces deux commissaires sont aussi visés par une autre procédure de diffamation enclenchée par des patrons de presse.  L’ouverture de cette autre procédure est prévue le 11 juillet 2024.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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