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Censure

Guinée. Quand l’insécurité cible la presse : Des témoignages poignants

On peut dire que c’est un sale temps pour des journalistes. Ces dernières semaines, plusieurs d’entre eux, ont été victimes de vols, d’agressions dans diverses circonstances.

Ils ont emporté mes deux téléphones, de l’argent et quelques petits objets que j’avais

Lundi 29 juillet dernier, Mamadou Yaya Barry, journaliste du site d’information Mediaguinee s’est vu depossédé de plusieurs de ses biens alors qu’il quittait le CNT. « Ça s’est passé au niveau de Bomboli aux environs de 20h. J’étais à Moto. Lorsque je suis arrivé, j’ai vu d’autres motos circuler. Et j’ai pensé qu’il y avait de la circulation. Mais c’était une stratégie. Donc le moment pour moi de voir le barrage, il était trop tard. Ils ont essayé d’éteindre la moto, j’ai fait un forcing la moto est tombée. J’ai récupéré la clé. Certains mettaient leurs mains dans mes poches et d’autres dans mon sac. Ils ont emporté mes deux téléphones, de l’argent et quelques petits objets que j’avais. Ils ont pris la fuite », a-t-il confié.

Poursuivant : « je suis resté une vingtaine de minutes pour voir si quelqu’un pouvait m’aider à retrouver au moins mes téléphones. Mais c’était une peine perdue. Tout le temps que je suis resté, ils continuaient de dépouiller les citoyens qui passaient par là. »

C’est toi Adama Hawa, on sait où on a pris ton téléphone, on reviendra là-bas

C’est une tout autre histoire avec Adama Hawa Bah, journaliste du site guinee360 : « j’étais sur le point d’aller à l’hôpital. J’étais arrêtée juste en bas de chez moi, quand deux jeunes sur une moto m’ont agressée. Ils ont retiré mon téléphone portable et sont partis avec. Je suis allée porter plainte à la DCPJ ».

Pire, « les agresseurs ont mis ma puce dans un autre téléphone, puisque le mien c’était un Iphone, ils ne pouvaient pas l’utiliser. Ils m’ont dit de leur donner de l’argent pour qu’ils me restituent le téléphone. Je suis allée avec des agents de la DPJ sur le terrain pour leur tendre un guet-apens. Malheureusement, ils n’ont pas daigné se montrer. Ensuite, quand j’ai réactivé ma puce, je recevais des appels d’inconnus qui me disaient, c’est toi Adama Hawa, on sait où on a pris ton téléphone, on reviendra là-bas. J’ai remonté les informations à la DCPJ, jusqu’à présent qui ne m’a pas répondu ».

Pour terminer, « je sors tous les jours pour aller travailler dans cette crainte. Parce que je ne sais pas qui ils sont. Mais, eux, ils me connaissent ».

j’ai vu des gendarmes encagoulés et lourdement armés se diriger vers moi à pied

Si dans les situations précédentes, les délits sont commis par des civils, Ibrahima Camara, journaliste du site Siaminfos, accuse des agents de la gendarmerie de lui avoir porté préjudice. « Je n’étais pas informé qu’il y avait des troubles dans le quartier. Les forces de l’ordre et des jeunes s’affrontaient. À l’entrée de chez moi, alors que j’attendais qu’on m’ouvre la porte, j’ai vu des gendarmes encagoulés et lourdement armés se diriger vers moi à pied. Leur voiture était derrière eux. À un moment donné, ils ont commencé à tirer à balles réelles. Dans la panique, j’ai crié que j’étais journaliste et que je venais du boulot, mais ils ont continué à tirer. Heureusement, à ce moment, on m’a ouvert la cour. Je suis rentrée et j’ai laissé ma moto dehors. Lorsque j’ai entendu qu’ils disaient d’embarquer la moto, j’ai rouvert la porte pour leur dire que j’étais journaliste, mais l’un d’entre eux a pointé son arme sur moi. Pour éviter tout risque, j’ai refermé la porte et ils ont emporté ma moto » a-t-il narré.

Avant de faire savoir : « malgré toutes mes démarches auprès des différentes unités, je n’ai pas encore de traces de la moto. »

Deux caméras emportées

Les locaux du site Planète7infos, ont été visité par des personnes mal intentionnées, comme l’explique, Pathé Diallo, administrateur général : « quand je montais les escaliers, j’ai entendu un bruit de porte. Mais, comme d’habitude, je pensais que c’était les voisins. Mais cela m’a alerté, j’ai accéléré les pas. J’arrive, je trouve que les portes de l’entrée sont ouvertes. Il n’y a pas eu de casse (…) c’est juste des astuces que la personne a trouvé pour ouvrir les portes. »

Le malfrat n’est pas parti les mains vides. « il y a deux caméras qu’on avait laissées dans l’armoire de la salle de rédaction qui ont disparu (une caméra Sony 4K dont le prix est estimé à plus de 1000 euros et une autre caméra de marque Canon, que j’ai achetée en occasion à trois millions). Donc, on peut estimer les pertes à près de 13 millions de francs guinéens », a-t-il détaillé.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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