Censure

Kassonyah (porte de Conakry) : Le chemin de croix

Une longue marche forcée à travers ce qui ressemble plus à  des nids d’éléphants qu’à des nids-de-poule. C’est la triste réalité à laquelle sont confrontés les habitants de Kassonyah, un quartier situé à la porte de Conakry, coté Coyah.

Les machines vrombissent. Mais les travaux de réfection du pont reliant les deux rives de cette localité coupée en deux par un bras de mer semblent interminables.

Nous nous y sommes rendus ce lundi 19 août, pour toucher la réalité du bout du doigt. Rencontré sur la rive qui mène vers 36, Émile Malomou, un citoyen, nous a expliqué les difficultés. « Actuellement, le pont est coupé. Donc pour traverser, nous prenons des motards pour quitter 36. Arrivés au pont, nous prenons les bagages, nous traversons à pieds. À Kassonyah, nous prenons une autre moto pour rentrer chez nous. C’est très difficile. Actuellement, nous sommes obligés de payer un double transport », confie-t-il.

Avant de rappeler un triste souvenir : « une fois, nous avons dû passer la nuit ici, parce que l’eau avait débordé suite à une pluie. Nous étions obligés de passer par Gomboyah. Ce qui augmente considérablement notre transport. Depuis cet événement, quand il pleut ou quand c’est la nuit, j’évite de sortir. »

Si les Hommes sont peinés, les femmes le sont plus. Aller vendre ou faire des achats, devient un véritable calvaire, d’après les propos d’Adama Barry : « nous sommes tout le temps sur ce pont. Mais nous souffrons énormément. Arrivés sur cette rive, nous sommes obligés de payer des enfants à 2000 ou 3000 francs guinéens afin de faire traverser nos bagages. C’est pénible avec la marche que nous sommes obligés de faire. Le pire, c’est quand il pleut, nous ne trouvons personne pour nous aider. »

Elle termine en demandant de l’aide à l’Etat. ‘‘Nous souffrons. Cet état de fait a forcé certaines personnes à déménager », témoigne-t-elle.

La marche forcée ou la hausse du cout du transport ne sont pas les seules conséquences de ces travaux, nous explique Lamine Kaba : « les travaux sur cette route fatiguent énormément les citoyens. J’ai même l’épouse de mon frère qui s’est faite une fracture en empruntant la route de Kassonyah Daboro. Cela s’explique par le fait que ceux qui travaillent ici, n’arrangent pas la route pour permettre aux citoyens de se déplacer. Sauf quand ils sont prêts à se déplacer, ils arrangent pour que leurs machines puissent passer et c’est tout. Ça ne fera pas plus de deux mois, avec les pluies, ce qu’ils ont arrangé va encore se gâter, les nids de poules font tomber les gens et c’est ainsi que les gens ont des fractures. »

Selon lui, « quand il pleut, nous sommes obligés d’aller jusqu’à Bentourayah. Imaginez vous, si tu devais rentrer chez toi à 19h, avec ce détour, tu vas y arriver à 23h ou 00h. Imaginez, tu es à 36, tu vois chez toi, mais à cause des travaux, tu es obligé d’aller jusqu’à Bentourayah » a-t-il aussi fait constater.

À rappeler que ce projet fait partie de la construction de 5 ponts (Kamkibo, Kiroti, Demoudoula, Kissosso et Kassonya) grâce à un financement néerlandais de près de 60 millions d’euros divisés en subvention de 30 millions d’euros et en prêt à un taux de 50 %.

Le pont de Kassonya, d’une longueur de 192 mètres et 7,4 km de routes d’accès, relie les quartiers de Sanoya-km36, Kassonya, Bentourayah-Village et Bentourayah-Plateau.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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