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Censure

Voyage au cimetière des bus à Conakry

Les bus meurent en Guinée. Cela depuis de nombreuses années et à travers les régimes. L’ancienneté, le manque d’entretien ainsi que leur inadaptabilité au climat du pays sont les raisons.

À l’occasion du débrayage des employés d’Albayrak transport, qui a débuté vendredi dernier, nous avons fait un tour dans le parking qui accueille ses engins destinés au transport urbain.

Deux choses ont retenu notre attention :  l’état d’abandon des lieux et les innombrables bus sur cales.

Nos échanges avec les connaisseurs des lieux nous ont permis de déceler ce que nous pouvons qualifier de cimetière. L’un, pour les bus chinois (Kinglong) et l’autre, pour les bus Turcs (Mercedes).

Des techniciens nous ont expliqué comment au fil des années, les bus ont été offerts à la Guinée et ont finalement terminé dégradés.

Le 1er mai 2012, 100 bus Kinglong offerts à la Guinée par la Chine, en compagnie de 50 Laverdas, des machines qui servent à labourer les champs et 50 camions poubelles sont entrés en service. Qu’est-il arrivé à ces bus vous demanderez vous sans doute. Nos interlocuteurs nous ont révélé qu’ils ont tous coulé comme le Titanic, faute d’entretien adéquat et du fait que l’État n’achetait pas les pièces de rechanges.

 

À l’arrivée des Turcs, qui ont commencé au mois d’août 2018, les bus Kinglong étaient complètement HS et l’entreprise SOTRAGUI était mal en point. C’est ainsi, que 50 bus de marque Mercedes offerts par la Turquie, dont l’un était défectueux, ont pris le relais avec Albayrak. Le hic, c’est que ces bus ont commencé à avoir des pannes, à surchauffer et à prendre feu, aussitôt.

Vu que les bus Mercedes diminuaient dans le parc, l’alternative a été de recourir aux anciens bus Kinglong, afin de permettre que le trafic puisse continuer et garder les emplois. Une solution qui a porté fruits et avait permis à la société Albayrak de mettre 38 bus en circulation.

Faute de pièces de rechanges, les bus sur cales ont servi à la réparation de ceux qui étaient encore en marche. Ce qui fait que sur le terrain, on peut remarquer d’anciens bus complètement dépouillés de pièces, moteurs ou de vitres.

Dans l’interview qu’il nous a accordée, le délégué syndical d’Albyark, Bangali Bangoura a rappelé que « les bus Mercedes chez eux d’abord ont travaillé 17 ans. C’est ce qu’ils nous ont octroyé et nous aussi, on les a utilisés six ans. Les Kinglong, c’est depuis 2012. Donc il n’y a pas de neufs. Tout est ancien ».

De nos jours, la société Albayrak se retrouve avec 20 bus disponibles, dont 19 prêts à l’emploi. Il s’agit de 17 Kinglong et 3 Mercedes disponibles, dont l’un se trouve au garage.

Les employés de cette société invitent les autorités à mettre de nouveaux bus à leur disposition pour sauver leurs emplois et soulager la population qui utilise ses engins pour se déplacer.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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