Censure

Scandale au Paradis

‘‘La Guinée est un paradis, venez visiter chez nous’’ (le refrain d’une chanson de propagande sous l’ère CNRD).

On est mal barré. Notre très cher ministre de l’Économie et des Finances, Mourana Soumah -couramment salué comme le Mozart de la débâcle financière-, a une fois de plus prouvé qu’il pouvait pousser les limites de l’absurde au-delà des confins de l’imaginable. Le 16 août dernier, dans une démonstration magistrale de clairvoyance économique, il a signé un mémorandum d’entente avec une société mystérieusement nommée Consortium SEESEA. Oui, vous avez bien lu, ‘‘SEESEA’’.

L’idée lumineuse derrière cet accord? Rien de moins que de transformer l’Île de Kassa, connue pour sa beauté naturelle, en un véritable havre pour les amateurs de paradis fiscaux. Comme pour nous dire qu’aux plages de sable fin et de palmiers on peut ajouter un soupçon de transactions douteuses et de comptes offshore…

Mais ce n’est pas tout ! Le Consortium SEESEA, dans sa grande bonté, a promis de prêter 2 milliards de dollars à la Guinée. Et ce, sans intérêts ! Un prêt gratuit, vraiment ? Évidemment, en échange, le Consortium ne demande qu’une petite faveur : avoir une mainmise discrète mais ferme sur les mines, les infrastructures, et l’agriculture du pays. Un détail…

Et pour couronner le tout, la moitié de ce généreux prêt ira directement dans les caisses… pardon, entre les mains diligentes de la présidence de la Transition. Une gestion transparente et exemplaire en perspective, n’en doutons pas.

Mais hélas, comme dans tout bon feuilleton, il y a un rebondissement dramatique ! Le 20 août, dans un élan de pure transparence, le gouvernement a soudainement décidé de résilier cet accord. Pourquoi ? Parce que, bien entendu, le vilain partenaire a osé laisser filtrer l’affaire dans la presse. Quelle audace ! Oser informer le peuple guinéen de la manière dont ses ressources sont allègrement bradées. Un vrai scandale, vous dis-je!

En fin de compte, on ne peut que saluer la stratégie gouvernementale : signer des accords dans l’ombre, puis se rétracter sous les projecteurs, tout en nous offrant un spectacle digne des plus grandes tragédies comiques. Chapeau bas, Messieurs !

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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