La rentrée des classes est fixée par les autorités guinéennes au 25 Septembre prochain. Une situation qui inquiète à tous les niveaux. Un fait que nous avons pu constater ce lundi 2 Septembre à travers un micro trottoir.
La mensualité dans les écoles est très élevée, et la qualité des cours ne suit pas
Aminata Camara, mère de famille : « Nous venons de sortir du mois d’août. Il n’y a pas d’argent. Devons nous acheter les fournitures ou aller payer les écoles ? La mensualité dans les écoles est très élevée. Et la qualité des cours ne suit pas. Surtout que nous savons que l’année dernière, les cours ont été assez instables. J’ai beaucoup d’enfants à ma charge ici. Il y en a qui sont des orphelins. Donc si on nous dit de payer les frais de tout ceux-ci, vous voyez à quel point c’est difficile. Nous n’avons pas étudié. Mais notre grand rêve, c’est de voir nos enfants étudier normalement. »
je ne suis même pas prête envoyer mes enfants en classe
Rencontrée avec sa pile de pagnes à vendre sur la tête, Yarie Soumah, ne se réjouit pas de cette annonce: « Nous nous débrouillons pour envoyer les enfants à l’école. Ils ont annoncé la réouverture des classes en ce mois de septembre. Qu’ils repoussent ça. Nous n’avons pas encore les moyens. Ni l’augmentation des frais de scolarité ni l’ajout du mois de septembre, qu’il faut encore payer, ne nous arrange ! J’ai quatre enfants, je n’ai pour l’heure acheté les fournitures de personne d’entre eux et je ne suis même pas encore prête à les envoyer en classe. »
Il n’y a vraiment pas de vente, nous sommes obligés de laisser à crédit nos marchandises
Pour Aicha Sano, couturière et vendeuse de circonstance de tenues scolaires, « il n’y a vraiment pas de vente. Actuellement, nous rentrons de la même façon que nous sortons avec la même quantité de marchandise. Il y avait de la vente avant, mais plus maintenant. Actuellement, nous sommes même obligés de laisser à crédit. Ce qui n’est pas bon pour notre commerce ».
Si on me dit qu’il faut aussi ajouter le mois de septembre…
Abdoulaye, se débrouille à laver des motos. « J’ai 5 enfants. À voir la conjoncture, je serais sans doute obligé d’envoyer mes enfants là où on ne paie pas. Certains fréquentaient les écoles publiques et d’autres le privé. Mais je ne peux pas continuer. Je suis un débrouillard. Si on me dit qu’il faut aussi ajouter le mois de septembre, je ne sais plus. S’ils pouvaient m’entendre, c’est d’aider les jeunes à avoir du boulot. C’est ça le plus gros problème. Les petits boulots que les gens font ne servent pas à grand chose et de surcroît, assurer l’avenir des enfants », se lamente-t-il.
Qu’ils repoussent la date fixée
Nadoua Traoré, enseignante. « Nous faisons une plaidoirie à l’endroit du ministre puisque l’ouverture des classes habituellement c’est le 3 octobre, qu’il continue avec cela avec la conjoncture que nous vivons. Cela afin que les parents se préparent. Je ne pense pas que nous les parents d’élèves seront prêts d’ici là date qui est fixée. J’ai deux enfants. Je n’ai pas acheté les fournitures encore, ni fait les inscriptions. Qu’ils repoussent la date fixée », plaide-t-elle.
Payer le mois entier que pour ces 5 jours ne sera pas raisonnable
Camara Youssouf, manœuvre : « Les écoles demandent assez souvent de payer par trimestre. Donc, c’est très compliqué. Imaginez que la rentrée soit le 25 Septembre. Les enfants n’étudieront que 5 jours. Payer le mois entier que pour ces 5 jours ne sera pas raisonnable ».
Jusque-là nous n’avons pas reçu le calendrier scolaire pour 2024-2025
Joseph Camara, est le directeur général de l’école Liberté +, située à Sangoyah Fassa. « Nous ne sommes pas contre cette décision. Mais l’inquiétude dans nos écoles, c’est que rien n’est encore fait. Et du côté des parents d’élèves que du côté des écoles. Souvent l’État retarde à fixer une date, afin de nous permettre de nous préparer. Jusque-là nous n’avons pas reçu le calendrier scolaire pour 2024-2025. Si le ministre peut revoir la date là, à la satisfaction des parents d’élèves qui je pense ne sont pas encore prêts. Là où nous sommes pour l’instant, nous n’avons que trois inscrits, alors que les années précédentes, nous avons à pareil moment au moins 50 ou 100 inscriptions » fait-il savoir.
La reprise au mois de septembre pose un grand problème aux écoles privées
Selon lui, « la reprise au mois de septembre pose un grand problème aux écoles privées. Parce que l’État ne nous accompagne pas. Les parents ont du mal à payer le mois de septembre. On a vraiment des difficultés à faire payer les parents d’élèves. Et comment allons nous faire pour payer les enseignants à la fin du mois de septembre. Donc, l’État doit revoir cela, surtout sensibiliser les parents d’élèves. Parce que c’est lui qui a fixé la date. Nous aurons des difficultés à notre niveau. L’Etat doit prendre en compte les contraintes des écoles privées aussi ».
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com