Depuis le 5 septembre 2021, la Guinée est sous un régime militaire. Après trois années de gestion par le CNRD, des réclamations émergent sur les plans politique, social et sportif. Sur le plan sportif, les avancées se font cruellement attendre. Les deux stades du pays, sont actuellement en chantier de rénovation. Nos équipes, toutes catégories confondues, ainsi que les clubs, doivent se tourner vers d’autres stades pour disputer leurs matchs, souvent moyennant une contrepartie financière.
Au micro de guinee7.com, Elhadj Thierno Ousmane Ly, consultant financier, spécialisé dans les questions sportives, s’efforce de contextualiser cette problématique. ‘‘J’ai plusieurs personnes qui m’ont contacté pour apporter des financements. Cependant, ce sont les conditions nécessaires à la mise en place de ces infrastructures qui posent problème. En effet, il existe un grand goulot d’étranglement au niveau des finances publiques. Lorsqu’un projet est financé et alloué, il n’est jamais suffisant. Nous sommes déjà prêts à admettre que nous ne pourrons pas terminer le projet, car si nous bouclons le plan de financement, il y aura inévitablement des lacunes, car c’est un système à partie double. C’est ce que l’on appelle le principe de la continuité. De plus, si ceux qui gèrent ces fonds disent : Il me faut ma part, sinon je vous accuserai de plusieurs choses et ensuite je vous mettrai des bâtons dans les roues’’, a-t-il déploré.
Selon les déclarations du ministre de la Jeunesse et des Sports sur les ondes de la radio parlementaire, il faudrait plus de 500 milliards de francs guinéens pour rendre opérationnels les stades du 28 septembre et Général Lansana Conté. Cependant, cet expert en finances publiques considère que cette affirmation de Kéamou Bogola Haba est tout sauf sérieuse. ‘‘Le ministre des Sports devrait réfléchir sérieusement à sa gestion des fonds alloués. Il a demandé des ressources pour les stades, et ce qui lui a été accordé semble complètement désinvolte, comme s’il jetait cette décision au visage de la population. Ce n’est vraiment pas acceptable. Si je n’ai pas les moyens de mener à bien ma politique, je démissionne. Peut-il vraiment accomplir quelque chose avec 21 milliards alors qu’il espérait 500 milliards ? Il y a une incohérence dans sa démarche. Aujourd’hui, il a 21 milliards à sa disposition et il doit faire face aux attentes légitimes de la population, tout en corrigeant les détournements et autres malversations’’, a-t-il ajouté
Le Mali nous indique une voie, mais nous choisissons de l’ignorer !
Si, après trois ans de transition, nous n’avons pas réussi à rénover nos deux stades, il est intéressant de noter que le Mali, qui fait face aux mêmes défis, a réussi à rendre opérationnels cinq stades en seulement deux ans. Cela soulève une bonne question : avons-nous réellement la capacité d’imiter les succès des autres ? ‘‘L’exemple du Mali est éclairant. En deux ans, ils ont réussi à rénover cinq stades fonctionnels. Cela démontre que le défi est avant tout d’ordre humain. On a vu les derniers ministres qui sont passés au niveau du département des Sports, toute la gabegie qui a eu lieu, soulignant la nécessité d’une meilleure gestion et d’une gouvernance plus transparente’’, affirme Elhadj Ly.
Enfin, notre interlocuteur précise, l’initiation de projets peut parfois être perçue comme un moyen de détourner des ressources, ce qui explique les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de certaines infrastructures.
Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com