Censure

‘‘Nous sommes restés sur notre faim’’, réagit Marc Yombouno (RPG) au discours du Gal Mamadi Doumbouya

La Guinée a célébré l’an 66 de son indépendance mercredi 2 Octobre 2024. Le discours tenu par le Général Mamadi Doumbouya, président de la Transition à la veille de cette date raisonne encore dans les oreilles. Joint par notre rédaction, jeudi 3 Octobre, Marc Yombouno, ancien ministre du Commerce sous le régime Alpha Condé et membre du bureau politique national de son parti, le RPG, nous a fait son analyse.

Guinee7.com : La Guinée a célébré l’an 66 de son indépendance. Que pensez-vous du discours du président de la transition à l’occasion ?

Marc Yombouno : Je commence par souhaiter une très bonne fête d’anniversaire de l’indépendance de notre pays à tous les concitoyens et concitoyennes, et que cette fête puisse, avec la grâce de Dieu, nous donner la paix, la compréhension et le bon vivre ensemble. Maintenant, en ce qui concerne le discours, en tant qu’acteur politique, nous l’avons suivi attentivement, mais c’est que nous sommes restés sur notre faim. En ce sens que, comme vous le savez, toute l’attention, après le 5 septembre 2021, l’actualité est portée sur l’aspect politique qui est la transition. Et la transition est une période de courte durée avec un contenu bien défini. C’est eux-mêmes qui ont défini ce contenu à travers la charte, à travers aussi la définition d’un chronogramme sur dix points avec la CEDEAO, qui prend fin le 30 décembre 2024. Donc sur ce contenu-là, nous sommes restés sur notre fin.

Parce-que sur l’application de ces deux aspects que je viens de citer, il n’y a pas eu de communication là-dessus. Particulièrement, le monde politique s’attendait à ce que le peuple soit éclairé sur la transition et ce qu’il reste à faire pour atteindre ce timing du 31 décembre 2024.

Donc c’est le premier constat.

Le deuxième constat, c’est qu’il y a des événements de force majeure qui se sont déroulés à la même période. Je vous parle de l’inondation historique qui s’est déroulée dans la commune urbaine de Gueckedou et dans beaucoup d’endroits. Il a parlé en général des inondations, mais ce cas spécifique, compte tenu de l’acuité, de l’ampleur des dégâts. Il devrait être souligné pour donner un peu d’espoir à cette population. Et aussi sur le respect des principes de justice en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Nous constatons que jusqu’à présent, nos camarades sont en prison, presque trois ans maintenant. Sans preuve, il y a eu des recours, il y a eu des décisions de libération, même la cour de justice de la CEDEAO est intervenue.

Mais cette solidarité, cette sociabilité n’a pas été appliquée à ces compatriotes. Nous sommes tous des Guinéens. On ne peut pas parler de paix, de cohésion, d’appel à la solidarité, à l’union, alors que d’autres Guinéens sont en train de souffrir en prison, d’autres Guinéens sont introuvables, d’autres Guinéens sont en train de pleurer. Et comme le dit Houphouët-Boigny : la paix, ce n’est pas un mot, c’est des actes, c’est ça en fait, la lecture que nous faisons de ce discours.

Est-ce que vous vous attendiez à ce qu’il rassure quant à sa non-candidature ?

Tout ce contenu devait être éclairé pour que la population se rassure que le 30 décembre, après cette date, en janvier 2025, la Guinée serait sous les mains d’un président démocratiquement élu et civil. Il revient à lui seul. C’était le moment opportun d’éclairer l’ombre du plan actuellement sur la Guinée. À travers les mouvements de soutien, chacun dit ce qu’il veut. Comme il aime le dire, il doit prendre sa responsabilité pour décider, comprendre que l’opinion internationale et nationale soit témoins par rapport à ses engagements de départ qu’il réitère devant tout le monde pour ne pas que cette confusion règne dans le pays.

Nous avons vu un défilé militaire. Selon vous, est-ce la meilleure façon pour la Guinée de célébrer son indépendance?

À ce niveau, chaque décideur avec son gouvernement décide comment faire la fête.  À notre temps le professeur Alpha Condé a vu qu’organiser des défilés avec beaucoup de moyens, faisait perdre de l’argent et c’est pourquoi il a décidé dès les premières années de sa gouvernance à faire des fêtes tournantes au lieu de mettre une somme dans les festivités. Et vous avez vu les résultats à travers ces fêtes tournantes des préfectures qui n’avaient même pas de bureau ou bien des directions au niveau préfectoral ont eu des infrastructures. Beaucoup de choses ont été réalisées à Boké, Nzerekoré, Kankan et Mamou. D’autres régions devaient être planifiées. C’était ça notre philosophie, la politique du professeur Alpha Condé pour ces fêtes là. Je n’ai pas de commentaires à faire de leur manière de fêter.

Interview réalisée par Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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