Diabaty Doré : “La France fait les yeux doux à la Guinée juste pour des marchés”

Diabaty Doré, président du Rassemblement pour la République (RPR) n’est pas surpris de la réintégration de la Guinée au sein de l’organisation internationale de la francophonie. Pour lui, c’est la France qui est derrière tout ça parce qu’elle est en train de faire les yeux doux à la Guinée pour avoir des marchés. Il s’est exprimé dans un entretien accordé à notre rédaction, ce lundi 7 octobre 2024. Lire l’intégralité de l’interview ci-dessous.

Guinee7.com : Récemment, le ministre des Affaires étrangères a annoncé que toutes les élections seront organisées en 2025. En tant qu’acteur politique est-ce que cette sortie vous  rassure?

Tantôt un porte-parole dit que c’est blanc, tantôt un ministre des Affaires dit que non, c’est vert, tantôt un secrétaire général dit que c’est ceci, c’est cela

Diabaty Doré: Je pense bien que tous nos compatriotes vivant à l’intérieur et à l’extérieur savent qu’il n’y a pas une certaine concordance ou harmonie, si je peux me permettre, en matière de communication au sein de ce gouvernement. Tantôt un porte-parole dit que c’est blanc, tantôt un ministre des Affaires dit que non, c’est vert, tantôt un secrétaire général dit que c’est ceci, c’est cela. Donc, personne n’a confiance à ce qui est dit par le ministre des Affaires étrangères, même au-delà. Je vous donne un exemple. Quand un président d’une institution dit sur une chaîne très connue et très suivie que Pivi a été arrêté avec son fils alors que le procureur sort et le ministre de la Justice disent le contraire, ça veut dire encore une fois qu’aujourd’hui, quand dans un gouvernement, il y a une certaine sérénité, il y a une certaine communication entre les ministres et les institutions, et chacun doit jouer son rôle.

Je crois que Morissanda n’est pas le ministre de l’Administration du territoire, moins aussi l’organe qui est censé organiser des élections qui n’a pas encore été créé et qu’on ne sait même pas si c’est un organe qui va organiser des élections ou le ministère de l’Administration du territoire. Donc, ce n’est pas un ministre des Affaires étrangères, ce n’est pas son rôle. Et connaissant l’homme dans le passé, il a dit beaucoup de choses aussi qui n’ont pas été faites, qui n’ont pas eu l’impact et disons qu’il dit toujours des contre-vérités. Alors, aujourd’hui, tout le monde le sait très bien que le délai qui a été convenu avec la CEDEAO, c’est pour 2024. En tout cas, nous, on tient à ça.

Et je dis encore une fois, s’il y a la volonté, même à un mois, on peut organiser des élections.

Et en résumé, il ne faut pas tenir compte de ce qui a été dit par Morissanda. Je ne sais pas, s’il a communiqué avec le président ou avec le ministre de l’administration…Les ingrédients d’abord, les préalables doivent être mis en place. La communication est extrêmement importante dans une société, que ce soit en parti politique, dans la société civile et surtout dans un gouvernement. Quand un ministre parle, on dit que non, c’est l’État qui a parlé. Et donc, quand tu veux faire une sortie publique comme ça, il ne faut pas faire des sorties pour se faire plaire. Parce que tu as des partenaires aujourd’hui, vous avez besoin d’eux pour s’aider. Et au fond, tu le sais très bien que ce que tu es en train de dire, ça ne peut pas se réaliser, ça ne peut pas se faire. Et au finish, si ça ne se réalise pas, non seulement ça te décrédibilise, mais ça décrédibilise aussi le pays au vu et au su de nos partenaires techniques et financiers. Et donc, la communication, il faut apprendre. On apprend à communiquer. Comme c’est la Guinée, on permet à n’importe qui pour être ministre aujourd’hui parce qu’on est parenté, parce qu’on est ici, on est là. Je pense qu’avant de communiquer au nom d’un pays, ça doit se faire d’abord entre vous et que vous trouviez vraiment un accord entre vous. Et que le pays te mandate pour dire, ou le gouvernement, pour dire oui, tu peux dire ça parce que nous avons la certitude que ça va se faire ou que ça va se réaliser.

L’organisation internationale de la francophonie vient de reintégrer la Guinée bien que nous soyons toujours en transition. Quels commentaires en faites-vous ?

Pourquoi le Niger, le Mali et le Burkina n’ont pas été réintégrés ?

Bon, écoutez, moi, ça ne m’a pas surpris parce que connaissant aujourd’hui le soutien indéfectible de la France en faveur de la junte, je crois que ce n’est pas le seul pays qui soit en Transition. Il y a le Niger, il y a le Mali et le Burkina, mais pourquoi ceux-ci n’ont pas été reintégrés ? Ça peut vraiment interpeller ou ça peut faire comprendre aujourd’hui aux Guinéens que oui, ce qui a été dit ou ce qui s’est dit dans les couloirs, que c’est une réalité. Et donc, moi, je me suis dit qu’aujourd’hui, il faut se dire que oui, la francophonie aujourd’hui, en grande partie, est gérée par la France. Et si cela est fait, la France aujourd’hui est en train de faire le jeu-doux à la Guinée juste pour avoir des marchés. Et parce qu’aujourd’hui, ils ont perdu peut-être presque les 70 ou même 80 % de leurs anciennes colonies. Et pour maintenir la Guinée aujourd’hui, il faut faire le jeu doux à la Guinée. La francophonie n’est pas une petite institution. Et j’ai suivi, sur TV5 un français, un grand analyste politique, qui dit qu’il est très déçu de la gouvernance de Macron et qu’aujourd’hui, Macron est en train de rabaisser la France en matière de démocratie et de droits de l’homme. La réintégration de la Guinée au sein de la francophonie en est une preuve. Vous savez déjà, la francophonie, il y a des pays qui quittent maintenant pour aller vers l’anglais ou l’espagnol. Mais il faut le faire parce que la Guinée aujourd’hui a su maintenir un bon rapport, une bonne relation avec la France.  Alors qu’au contraire, elle est chassée au Burkina, au Mali et au Niger. Donc, quand tu vois tout cela, c’est pour cela que j’ai dit dès le départ que ça ne surprend pas. Parce que déjà, la France ne veut pas perdre la Guinée.

La Guinée a célébré l’an 66 de son accession à l’indépendance, le 2 octobre dernier. Une grande mobilisation des citoyens mais aussi des membres du Gouvernement pour ces festivités a été observée sur l’ensemble du territoire. Peut-on dire que Mamadi Doumbouya est en campagne ?

je ne sais pas si on est en train de célébrer, par exemple, la victoire du général, ou on est en train de célébrer notre indépendance

Écoutez, moi, tellement que j’étais dessus, c’est la première fois que je n’ai pas porté le t-shirt. Ce n’est pas parce que je n’aime pas mon pays, mais j’ai fait un discours pour souhaiter bonne fête à nos compatriotes et aussi à nos devanciers qui se sont battus corps et âme pour nous donner cette liberté. A chaque année, c’est l’occasion de voir une ferveur. Vous avez constaté que cette année a été transformée en une propagande de campagne. C’est pour cette raison que je me suis dit, écoutez, je ne sais pas si on est en train de célébrer, par exemple, la victoire du général, ou on est en train de célébrer notre indépendance. Et donc, ça fait mal aujourd’hui de voir comment les Sékou Touré, les Barry Diawadou, les Mafory Bangoura se sont battus pour la paix, pour la liberté, et qu’on est en train de transformer cette date aujourd’hui en propagande de campagne. C’est décevant, c’est écœurant de voir la Guinée aujourd’hui en train de célébrer de la sorte. Franchement, ce n’était pas une fête. C’est pour cette raison que je n’ai pas porté le t-shirt. Même mes enfants, je ne leur ai pas permis aussi de porter, parce que ce n’était pas une fête digne du nom, ce n’était pas une fête d’indépendance, mais plutôt une campagne pour la candidature du général.

Dans une vidéo qu’il a publiée récemment, Cellou Dalein Diallo a invité l’ensemble des citoyens guinéens civils et militaires de faire un front commun contre la candidature du Général Mamadi Doumbouya. Est-ce que vous allez répondre favorablement à l’appel du président de l’UFDG ?

Mamadi ne sera pas candidat

Bon, frère, écoutez, moi, je sais que Mamadi a été clair, moi, je ne rentre pas dans ce débat. Ce que je sais aujourd’hui, c’est un soldat et comme il a dit, la parole d’un soldat, c’est une parole, je peux dire, d’honneur. Pour moi, ce n’est pas un débat. Mamadi ne sera pas candidat. Et donc, je ne commente pas ça. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est comment aller aux élections. Quels sont les organes qui vont organiser les élections ? Et comment allons-nous faire les élections ?  Comment déposer les candidatures ? Je suis en train de travailler sur les prochaines élections. Donc, cette question, mon frère, on ne doit même pas la poser. Est-ce que vous comprenez ? Mamadi a dit haut et fort, devant tout le monde qu’il ne sera pas candidat.  Il l’a répété combien de fois ? Donc, pour moi, il va respecter.

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com

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