À Conakry, la ferveur spirituelle a trouvé un nouveau filon : celui de la reconversion des anciens ministres en agents de prière. Oui, vous avez bien deviné, ces ex-dignitaires en mal de reconduction se sont regroupés en association. Le théâtre de cette pièce divine ? La Grande Mosquée Fayçal, où ces funambules de l’administration publique, passés maîtres dans l’art de jongler avec les caisses de l’État, ont troqué leurs vestes contre des chapelets, sous l’il attentif de l’Imam en chef.
Mais ne soyons pas dupes. Derrière les paroles pieuses se cache une ambition des plus terrestres : décrocher, par divine intercession, un décret salvateur pour réintégrer les sphères du pouvoir. Car à Conakry, quand on perd son portefeuille ministériel, rien de tel qu’une prière bien placée pour espérer un retour triomphal. Au diable la sincérité !
Et que dire des chefs religieux, complices involontaires ou volontaires de ce cirque ? Prêchant la justice le jour, mais bénissant l’opportunité la nuit, ils transforment l’autel en podium pour les politiciens repentis. La prière, loin d’élever les âmes, devient un outil de lobbying divin, à mi-chemin entre la foi et le calcul politique. Une triste ironie pour un pays où la spiritualité devrait être un refuge, non une rampe de lancement pour des ambitions démesurées.
Alors, la prochaine fois qu’on vous parlera de « prières spéciales » pour le général, pensez à ce chur de fidèles un peu trop zélés. Car si la foi peut déplacer des montagnes, à Conakry, elle s’est surtout reconvertie en levier de carrières. Que Dieu veille sur nous et nos ambitions si… pieuses.
Et pendant ce temps, le ciel, fatigué de recevoir des demandes pour des postes ministériels, menace d’instaurer une liste d’attente. Après tout, même les miracles ont leurs limites. Mais à défaut de bénédictions célestes, à Conakry, une chose reste toujours rapide : les génuflexions opportunistes.