Censure

800 milliards évaporés à la Douane : Des transitaires interpellés, la hiérarchie se la coule douce

Le détournement supposé d’environ 800 milliards GNF à la Douane guinéenne, aujourd’hui entre les mains de la justice, pose des questions graves sur la gouvernance et la transparence des institutions publiques. Ce scandale, qui a vu l’interpellation d’une trentaine de transitaires -certains seraient en fuite-, et l’arrestation de quatre cadres de la Douane, met en lumière un système gangrené par des complicités internes et une culture d’impunité.

Des arrangements douteux avec les transitaires ?

Selon un expert du secteur, le mécanisme de la ligne de crédit utilisé par la Douane pour les cas urgents serait au cœur de cette affaire. En théorie, ce système permet aux transitaires d’effectuer le dédouanement sans paiement immédiat, avec l’obligation de s’acquitter de leur dette dans un délai d’un mois. Mais dans la pratique, des arrangements douteux semblent avoir pris le dessus.

‘‘Si un transitaire ne paie pas, sa ligne de crédit devrait être automatiquement bloquée. Si ce n’est pas le cas, cela indique clairement une complicité interne’’, explique notre expert. Le problème ne s’arrête pas là : même si les paiements ne sont pas effectués, les déclarations restent traçables grâce au système informatique. Comment alors expliquer que de telles sommes échappent totalement aux radars ?

Et la hiérarchie ?

Alors que les regards se tournent vers les transitaires et quelques cadres de la Douane, d’autres s’interrogent sur le rôle de la hiérarchie. Comment la direction générale, qui réalise des bilans annuels, a-t-elle pu ignorer une perte aussi colossale ? Cette zone d’ombre met en cause la crédibilité de l’ensemble du système.

Le Directeur général de la Douane, le Général Moussa Camara, semble jusqu’ici intouchable. Ironie du sort, ce dernier a récemment été décoré par le président de la Transition pour son ‘‘dévouement et sa valeur professionnelle’’. Une distinction qui résonne comme une insulte à l’intelligence collective, alors que l’institution qu’il dirige est plongée dans un scandale sans précédent.

Il faut rappeler que ce dossier révèle une profonde crise de gouvernance. La disparition de 800 milliards GNF ne peut être le fruit d’actes isolés. Il s’agit d’un système bien rodé, où transitaires et cadres de la Douane jouent de concert, dans un contexte où les mécanismes de contrôle sont délibérément ignorés ou contournés. La question demeure : qui protège qui dans cette affaire ?

Le fait que la hiérarchie ne soit pas inquiétée par jusque-là, la procédure, malgré l’ampleur des pertes, suscite une colère légitime. Cette situation alimente davantage la méfiance des citoyens envers leurs institutions, déjà fragilisées par une gestion opaque et des scandales récurrents.

Un impératif de justice et de réforme

Alors que le pays traverse une transition politique, ce scandale pourrait être une occasion d’exiger des réformes structurelles. Une enquête approfondie et impartiale est essentielle pour identifier et sanctionner tous les responsables, quels que soient leurs rangs. Mais au-delà des sanctions, il est urgent de revoir les mécanismes de gestion et de contrôle au sein des douanes et des finances publiques.

Ce présumé détournement n’est pas une affaire isolée : il est le symptôme d’un système gangrené par l’absence de redevabilité. Si cette affaire n’aboutit pas à des mesures concrètes, elle restera une énième preuve de l’échec de l’État à protéger les intérêts du peuple.

Guinee7.com

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