Le 27 novembre 2024, le Palais Mohammed V de Conakry a vibré d’un événement qualifié de ‘‘rencontre de haut niveau’’. Une délégation émiratie, soi-disant dirigée par Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyane, ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, aurait été reçue par l’élite de la Transition guinéenne, en tête, Djiba Diakité, ministre, directeur de Cabinet de la Présidence. Ministres, généraux et autres hauts cadres ont accouru, tapis rouge et sourires forcés en prime, pour accueillir cet invité de marque… ou du moins, c’est ce qu’ils pensaient.
Cependant, ce qui devait être une démonstration éclatante de la coopération stratégique entre la Guinée et les Émirats autour du Simandou, s’est vite transformé en un imbroglio diplomatique. Pendant que nos éminents responsables posaient fièrement aux côtés d’un émissaire émirati, Cheikh Abdallah, la ‘‘troisième personnalité’’ des Émirats, se trouvait… à Abu Dhabi. Il recevait calmement la ministre bolivienne des Affaires étrangères, Celinda Sosa Lunda, comme en témoigne l’image ci-dessous.
En réalité, l’homme honoré en Guinée, n’était pas Cheikh Abdallah, mais son illustre cousin, Cheikh Shakhboot Nahyan Al Nahyan, un secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères. Un diplomate, au rang de ministre, tout à fait respectable, certes, mais bien loin du poids institutionnel qu’on nous a vendu.
Alors questions : Comment une telle erreur a-t-elle pu se produire ? Manque de rigueur dans la communication ? Désir pressant d’afficher une réussite diplomatique coûte que coûte ? Ou tout simplement une illustration de notre penchant pour les titres ronflants et les honneurs superfétatoires ?
Peut-être serait-il temps d’accorder autant de sérieux à la préparation de nos réceptions officielles qu’à la rédaction des communiqués pompeux qui les accompagnent. Une rencontre avec un secrétaire d’État est déjà une opportunité importante. Pourquoi alors surjouer et risquer de perdre en crédibilité ?
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com