Censure

L’innommable drame de Nzérékoré ! (Par Gassama Diaby)

 

Le drame insupportable survenu à Nzérékoré, qui a emporté plusieurs et plusieurs dizaines de jeunes hommes et jeunes femmes de notre pays (le chiffre exact n’est toujours pas connu…)  est l’autre visage hideux de l’irresponsabilité de nos gouvernants et leur inconséquence révoltante. Nous sommes un pays qui est arrivé au degré zéro de la médiocrité et de la lâcheté.

Les pays sérieux travaillent et nous passons notre temps à organiser des tournois et autres manifestations démagogiques stupides à la gloire de nos tyrans arrogants, narcissiques et insensibles aux douleurs et à la tristesse de leur peuple.

Nous adulons le mal, le faux, l’hypocrisie et le mensonge, la providence nous en sert leurs conséquences à profusion. Nous défions chaque jour la force de la vérité, la providence nous rappelle à tout moment qu’il est coûteux et risqué  d’affronter l’évidence.

Drame après drame, notre pays sombre chaque jour un peu plus dans la catastrophe et le ridicule sous les yeux et les cœurs cyniques de ceux qui sont sensés nous protéger.

Souffrance après souffrance, la transition (oups la refondation voulais je dire….,ça ne change rien, le cirque reste le même !) guinéenne s’embourbe jour après jour dans l’absurdité la plus attristante. Qui a dit que la vie d’un Guinéen valait quelque chose aux yeux de nos gouvernants ?

« Crevez, crevez », ils adresseront leurs lâches et hypocrites condoléances à vos familles…, et ils continueront leurs vies dans la luxure ensanglantée des privilèges du pouvoir. Et la vie continue.

Mourir pour un tournoi qui n’avait pas lieu d’être, dans des conditions digne d’un zoo, avec une légèreté sécuritaire incroyable, voilà la normalité dans un pays où les illusions savamment orchestrées et entretenues font office de projet de société…alors qu’elles ne sont que le canal piégé de notre suicide collectif.

Nzérékoré avec des centaines de familles brisées, pleure ses morts et soigne ses blessés, en grande majorité de jeunes enfants, et la vie continue jusqu’à la prochaine catastrophe…

Il est incompréhensible et injustifiable qu’un tel drame d’une telle ampleur n’amène pas un chef d’État à se déplacer sur les lieux du drame, à s’adresser directement à la nation pour la rassurer et l’apaiser et à exiger sur le champ la démission de tous les cadres impliqués dans l’organisation de ce tournoi meurtrier. C’est incompréhensible!

Évidemment en Guinée, face aux évènements tragiques, face aux drames, nul n’est responsable, nul n’est coupable.  Ceux qui gouvernent ne sont jamais ni coupables ni responsables….de rien.

Hier comme aujourd’hui, tout est toujours de la faute de « Dieu », de pas de chance… ou des opposants bien sûr ( cela va de soi!). Lorsque cela ne suffit pas, on nous impose une rhétorique de paix et d’unité nationale fallacieuse et indigne pour ne pas nommer le mal.

Pourtant avec ce qui s’est passé à Nzérékoré, on peut tourner les choses comme l’on veut, mais quelques évidences demeurent :

Si le CNRD avec à sa tête le Général Mamadi Doumbouya n’avait pas décidé de violer leur serment et leur engagement de rendre le pouvoir aux civils à date, en organisant les élections libres en arbitre neutre, dans un contexte apaisé et inclusif auxquelles aucun d’eux ne participerait, il n’y aurait probablement pas eu ses tournois de propagande et de démagogie au profit du CNRD et du Général Doumbouya, et sûrement jamais eu cet insupportable drame de Nzérékoré.

Peut être que sans cela, un drame serait arrivé dans notre pays, mais sûrement pas dans ces conditions, et surtout personne n’aurait tenu d’ores et déjà moralement et politiquement responsable le CNRD.

Pour la responsabilité juridique, il appartient à la justice, si elle en a la dignité, de l’établir pour l’honneur de notre pays et des victimes de Zaly. Dès lors, on peut chercher toutes les explications et toutes les excuses théoriques, techniques et autres, il n’en demeure pas moins vrai que la responsabilité morale et politique de cet horrible drame de Nzérékoré incombe au CNRD et à leurs thuriféraires éhontés et obsédés par le pouvoir et ses privilèges.

Disons le nettement, personne n’est dupe, ni en Guinée ni à l’extérieur.

Au delà du vacarme très coûteux en argent public, au delà des boucans démagogiques et lunaires, la vérité reste têtue. Les Guinéens, l’écrasante majorité des Guinéens, ne veulent absolument pas que les militaires confisquent le pouvoir, ils ne veulent pas d’une candidature du Général Doumbouya.

C’est cela la réalité, c’est cela la vérité. Elle est dure à entendre pour eux, mais c’est cela la vérité.  N’en déplaise aux courtisans et autres bouffons du roi.

Ces méthodes acculées et bien anciennes de propagandes surfinancées à travers le pays, faites de contraintes dignes des pires régimes communistes et des pires achats de consciences, ne trompent personne.

Les Guinéens veulent le retour aux pouvoirs civils à travers des élections libres et justes, sans aucun membre du CNRD.

A défaut que le CNRD s’il le souhaite et le peut, confisque le pouvoir sans élection en nous épargnant ces propagandes démagogiques et meurtrières et des mascarades électorales coûteuses, financièrement et humainement.

Pour ce drame terrifiant de Nzérékoré il est impératif qu’une commission d’enquête indépendante composée d’organisations internationales et de sociétés civiles nationales et internationale soit mise en place pour rétablir la vérité sur cette catastrophe de Nzérékoré, et garantir la justice pour les victimes.

La justice doit être rendue aux victimes et à leurs familles.

C’est le minimum que nous leur devons. Je m’incline pieusement devant les dépouilles de ses âmes injustement arrachées à la vie.

Je présente mes condoléances les plus attristées et émues aux familles des victimes.  Je souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés.

Au CNRD, au général Mamadi Doumbouya, il est peut être encore temps de partir sereinement et dignement, avec des garanties possibles si nécessaire, en épargnant à notre pays une profonde crise aux conséquences incalculables et imprévisibles. Partez !

On ne gouverne pas un peuple contre sa volonté !

En attendant arrêtez aussi ces harcèlements violents et arbitraires contre la presse, les journalistes et tous ceux qui ont des opinions et des visions différentes des vôtres.

Ce nouveau kidnapping (comme il y a quelques mois celui de Foniké Mangué et Bille bah, toujours introuvables) du journaliste Habib Marouane Camara est inacceptable, injustifiable et viole toutes les règles démocratiques en matière de droits et libertés et de justice équitable. Libérez le!

Soutien total à Habib Marouane Camara, à sa famille et à tous les journalistes intimidé(e)s et harcelé(e)s.

Paix à l’âme de toutes les victimes de Nzérékoré !

Meilleure santé à tous et toutes les blessé(e)s.

Ce drame horrible, aurait pu être évité !

A quand la fin de ce cirque mortifère pour le peuple de Guinée?

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