Censure

L’OGP : Mandian aurait hérité de plus de 5 milliards de GNF

Trois ans après son entrée en fonction, Mandian Sidibé, ancien directeur général de l’Office Guinéen de Publicité (OGP), aujourd’hui incarcéré, laisse derrière lui une entreprise en crise profonde. La gestion de l’OGP sous son mandat s’est soldée par une incapacité à payer les salaires de ses employés, un bilan désastreux qui suscite de nombreuses interrogations.

Un héritage solide dilapidé

Selon des documents consultés, l’équipe dirigée par Capi Camara, son prédécesseur, avait pourtant laissé l’OGP dans une situation financière enviable. En juillet 2018, lors de sa prise de fonction, Capi Camara avait trouvé une dette sociale importante, notamment auprès de la CNSS, mais grâce à un plan d’apurement rigoureux, toutes les obligations fiscales et sociales avaient été régularisées.

De plus, l’entreprise disposait d’un solde de trésorerie dépassant 5 milliards de GNF à la fin de sa gestion en octobre 2021. La gestion permettait non seulement d’assurer le paiement régulier des salaires (y compris le 13e mois en décembre 2021), mais également de garantir des dépôts à terme (DAT) dans les banques, sécurisant ainsi entre quatre et cinq mois de salaires, même en l’absence de revenus.

Des investissements prometteurs abandonnés

Sous la direction de Capi Camara, l’OGP avait entrepris plusieurs projets ambitieux :

-Acquisition et aménagement de six hectares pour la construction de logements sociaux destinés au personnel, avec un total de 96 villas prévues.

-Construction du siège social à Koloma, un projet autofinancé à hauteur de 16 % avant la recherche d’un prêt bancaire.

-Achat d’un terrain de 1 600 m² à Koloma, partiellement payé à hauteur de 1,2 milliard GNF sur un total de six milliards.

-Mise en place d’un centre d’incubation informatique à Salguidia, destiné à former les jeunes locaux en informatique, dans le cadre de la relance de l’usine de jus d’ananas avec des partenaires qatariens.

Ces projets, porteurs d’espoir, sont aujourd’hui laissés en friche.

Une gestion opaque et des dettes accumulées

En contraste frappant, la gestion de Mandian Sidibé a vu l’OGP sombrer dans le chaos. Des arriérés de salaires atteignant six mois se sont accumulés. Pire encore, des actifs de l’entreprise, tels qu’une navette destinée au transport du personnel, auraient été saisis pour cause de dettes impayées.

Des questions brûlantes demeurent : comment une entreprise financièrement stable et en plein essor a-t-elle pu basculer dans une telle situation en si peu de temps ? Quels choix stratégiques ou personnels de Mandian Sidibé ont mené à cette débâcle ?

Un procès attendu avec impatience

Aujourd’hui, Mandian Sidibé attend son procès devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Selon des sources proches du dossier, il aurait déjà commencé à citer des noms de complices présumés.

Ce procès devra faire toute la lumière sur la gestion de l’OGP, identifier les responsabilités et, espérons-le, restaurer la confiance dans une institution cruciale pour le paysage publicitaire guinéen. L’enjeu est de taille : redonner espoir à des salariés désemparés et permettre à l’OGP de retrouver son rôle moteur dans le développement économique et social du pays.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.