Censure

OGP : Un héritage empoisonné

Lorsque Mandian Sidibé arrivait à la tête de l’Office Guinéen de Publicité (OGP), l’entreprise disposait d’un solde de trésorerie de plus de 5 milliards de GNF (voir notre article ICI), un matelas financier confortable pour un organisme public. Cependant, son successeur, Aladji Cellou, se retrouve face à une réalité bien différente, marquée par des défis colossaux.

Selon des sources proches de la procédure judiciaire ayant conduit Mandian Sidibé derrière les barreaux, l’OGP ne disposerait aujourd’hui que d’un peu plus de 20 millions de GNF sur son compte à la Banque centrale. Une somme dérisoire pour une structure de cette envergure, d’autant plus qu’elle s’accompagne de dettes astronomiques.

Un gouffre financier aux multiples facettes

L’Office traîne derrière lui des dettes estimées à plusieurs dizaines de milliards de GNF, réparties ainsi :

Près de 3 milliards empruntés auprès d’une banque locale ; 8 milliards d’arriérés de salaires non payés ; 15 milliards dus aux fournisseurs, huissiers, et autres créanciers ; Plus de 10 milliards réclamés par le fisc ; Environ 3 milliards de cotisations impayées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

À cela s’ajoutent des véhicules acquis à crédit, pour un montant d’environ 3,6 milliards, qui ont été saisis. Une véritable hémorragie financière qui complique toute perspective de redressement.

Un défi de taille pour Aladji Cellou

Face à cet état de quasi-faillite, une question demeure : comment Aladji Cellou pourra-t-il redynamiser l’OGP? La tâche semble titanesque, d’autant plus que la confiance des partenaires et du personnel a été mise à mal par cette gestion désastreuse.

Pour sortir l’OGP de cette impasse, plusieurs pistes pourraient être envisagées, conseillent des spécialistes :

  1. Un audit financier exhaustif : Ce serait une première étape pour comprendre l’ampleur réelle des dégâts et identifier les responsabilités.
  2. Une restructuration stratégique : Cela pourrait inclure une révision des contrats avec les fournisseurs, une renégociation des dettes et une réduction des dépenses non essentielles.
  3. Un soutien de l’État : Compte tenu du rôle public de l’OGP, l’intervention de l’État pourrait s’avérer indispensable, soit sous forme de subventions, soit par des mesures fiscales exceptionnelles.
  4. La transparence et la communication : Redorer l’image de l’institution et restaurer la confiance des partenaires nécessiteront une gestion exemplaire et des rapports réguliers sur l’état des finances.

Un symbole de la mauvaise gouvernance ?

Cette situation n’est pas seulement révélatrice d’une gestion calamiteuse à l’OGP, mais elle illustre également les dysfonctionnements plus larges qui affectent plusieurs entreprises publiques en Guinée. On l’a dit et redit. Entre manque de transparence, mauvaise planification et détournements présumés de fonds, l’histoire de l’OGP met en lumière la nécessité urgente de réformes structurelles.

En un mot ou en mille, le nouveau DG, Aladji Cellou, hérite d’un véritable champ de ruines. Sa mission consistera non seulement à redresser les finances de l’OGP, mais aussi à restaurer sa crédibilité auprès du public et des partenaires. Toutefois, sans un engagement fort de l’État et une gouvernance transparente, ce défi pourrait bien se transformer en mission impossible.

L’avenir de cette entreprise publique dépendra donc de la capacité de son nouveau dirigeant à innover et à prendre des décisions audacieuses pour la sortir du chaos laissé par son prédécesseur.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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