Censure

Crise de carburant à Conakry : De qui se moque la SONAP ?

La scène se répète avec une régularité alarmante : des files interminables de véhicules devant des stations-service à sec, des embouteillages exacerbés par des conducteurs désespérés, et une population lassée par une crise devenue presque une routine. Ce mardi encore, la capitale guinéenne est le théâtre d’une nouvelle pénurie de carburant, la dernière en date d’une série qui s’allonge mois après mois.

Pour rappel, la dernière crise de carburant, survenue fin décembre 2024, semblait avoir tiré la sonnette d’alarme. Pourtant, à peine trois semaines plus tard, le même scénario se reproduit. Et, comme à chaque fois, la Société nationale des pétroles (SONAP) reste fidèle à son discours : ‘‘Il n’y a pas de crise.’’ Une déclaration qui résonne comme une provocation face aux réalités du terrain.

Il faut dire que ces pénuries, de plus en plus fréquentes, mettent à nu les failles d’un système de gestion opaque et inefficace. Les files d’attente devant les rares stations approvisionnées témoignent d’un chaos logistique qui pénalise directement les activités économiques et sociales. Les transporteurs de marchandises, les taxis, et même les particuliers sont pris au piège de cette paralysie énergétique.

Un manque de transparence criant

Comment expliquer que dans un pays regorgeant de ressources naturelles, notamment minières, l’accès à un produit aussi essentiel que le carburant soit devenu un luxe ? La SONAP, seule responsable de la distribution, persiste dans son mutisme ou ses démentis systématiques, laissant les citoyens dans une situation d’incertitude permanente. Ce refus d’admettre l’existence du problème soulève des interrogations légitimes : s’agit-il d’une mauvaise gestion ? D’une manipulation des stocks pour favoriser certains acteurs ? Ou simplement d’une incapacité chronique à anticiper les besoins du marché ?

Un ras-le-bol populaire

Face à ces crises récurrentes, l’indignation monte dans la population. ‘‘De qui se moque-t-on ? La SONAP ne peut pas continuer à nier l’évidence alors que nous vivons les conséquences de leur incompétence au quotidien !’’ s’insurge un conducteur de taxi rencontré à Gbessia. Ce sentiment de frustration est partagé par de nombreux citoyens qui appellent à une refonte totale de la gestion pétrolière dans le pays.

Pour tout dire, il est temps que les autorités guinéennes, et en particulier la SONAP, assument pleinement leurs responsabilités. Les discours rassurants ne suffisent plus. La population attend des actions concrètes : une transparence totale sur les stocks de carburant, une explication claire des causes de ces pénuries, et surtout des solutions durables pour garantir un approvisionnement continu.

Dans un contexte où la crise énergétique mondiale exige des stratégies efficaces, la Guinée ne peut se permettre de rester enlisée dans une telle impréparation. Plus qu’une simple pénurie, c’est la crédibilité des institutions guinéennes qui est en jeu. À quand la fin de cette spirale infernale ?

Ibrahima S. Traoré

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.