Censure

Fact-checking : faux, aucun accord n’est trouvé entre FIM FM, Djoma Médias, Espace TV et les autorités guinéennes

Cette publication sur le réseau social Facebook faisant état d’un accord trouvé entre les autorités guinéennes et les médias fermés en mai 2024, à savoir FIM FM, Espace FM, Espace TV et Djoma Médias (radio et télévision), est erronée. Aucun accord n’est pour l’instant signé pour permettre à ces médias dont les licences d’exploitation ont été retirées de revenir sur la scène médiatique guinéenne.

Le dimanche 26 janvier 2025, la page Facebook Fc boycott News a affirmé : “Après des mois de silence, une bonne nouvelle se profile à l’horizon pour les amateurs de l’information et des débats incisifs Fim FM Mirador, Espace TV Les Grandes Gueules, et Djoma Media, tous les trois suspendus suite à des événements récents, devraient faire leur grand retour dans les jours à venir”.

Dans le même post qui a connu 35 partages, 3 commentaires et 19 likes, l’auteur de la publication a ajouté : “Un pardon sincère a été accordé, et il est temps de tourner la page. L’heure est à la reconstruction, à l’apaisement, et à la poursuite de la mission d’information et de divertissement qui caractérise ces médias”.

Des incohérences dans la publication…

Vu la sensibilité du sujet en question, la rédaction de Guinee7.com a décidé de vérifier l’authenticité de l’information. En lisant le texte, on constate des contradictions. Primo, Fc boycott News parle de médias suspendus, alors que ces médias ne sont pas suspendus, mais c’est plutôt leurs licences d’exploitation qui ont été retirées par le ministère de l’Informatique et de la Communication.

Secundo, le texte contient beaucoup de fautes. Ensuite, FIM FM ne s’appelle pas “FIM FM Mirador” et Espace TV ne s’appelle pas “Espace TV les Grandes Gueules”. Dans la publication, il parle aussi d’un pardon sincère qui aurait été accordé, mais il ne précise pas qui a accordé le pardon et à qui.

Le démenti des responsables des médias dont les licences d’exploitation ont été retirées

Nous avons contacté les responsables de ces trois médias pour en savoir plus. Ils nous ont tous fait part de leur surprises avant d’apporter des démentis.

Talibé Barry , directeur de l’information de FIM FM, en rire, a déclaré à Guinee7.com : “Moi, je n’ai pas connaissance de cette information”. Même son de cloche chez les autres patrons. Kalil Oularé, directeur général de Djoma Médias, a indiqué : “C’est vous qui me donnez cette nouvelle (…) C’est ma première nouvelle”. Jacques Lewa Leno,  d’Espace FM, lui, nous dira au téléphone : “Honnêtement, je n’ai pas l’info. Même ma hiérarchie n’est pas informée d’une telle nouvelle (…) Dès que ça sera le cas, vous serez informé”.

Le contexte où les licences de ces médias ont été retirées…

Le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, a signé le 21 mai 2023, l’arrêté de retrait des agréments portant autorisation d’installation et d’exploitation des stations de radiodiffusion et télévision privées citées “pour non-respect du contenu des cahiers de charge, conformément à la réglementation en vigueur en Guinée”. La décision concerne Djoma Médias, FIM FM, Espace FM, Espace TV et Sweet FM, les principaux médias du pays.

Cette décision du gouvernement guinéen a été notifiée aux concernés, le mercredi 22 mai 2024 dans la matinée. Peu de temps après, une équipe de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) s’est rendue sur le terrain pour exécuter la décision.

Ce retrait de licences fait suite à plusieurs épisodes de brouillage des ondes de leurs fréquences ainsi que le retrait de leurs télévisions des bouquets Canal+ et Startimes. Malgré plusieurs démarches entreprises auprès des autorités pour obtenir la levée de ces sanctions, ces tentatives sont restées vaines. Ce retrait a coïncidé à la mise en place de l’Observatoire Guinéen d’Autorégulation de la Presse (OGAP).

Le gouvernement campe sur sa position

Le 27 janvier 2025, dans l’émission “On fait le point”, qui passe à la RTG (radiodiffusion télévision guinéenne), le Premier ministre Amadou Oury Bah a été amené à se prononcer sur la situation des médias en Guinée. “Lorsque tout était finalisé, on leur demande que, conformément à leur engagement de faire en sorte qu’il y ait les textes d’autorégulation que, eux-mêmes, avaient proposés soit signés par tous les acteurs mais certains d’entre eux ont allumé le feu. On vous tend la main et vous mordez le doigt. C’est à ce niveau-là que la sanction est tombée. Ce qui ne peut survivre est appelé à disparaître”, a-t-il déclaré, tout en précisant qu’aujourd’hui il y a des nouveaux médias qui sont en train d’émerger.

Fc boycott News, un appel sans suite

Après avoir contacté les concernés pour procéder aux vérifications, nous avons aussi adressé un message à la page Fc boycott News via l’application de messagerie de Facebook Messenger pour lui demander les éléments de preuve de ses allégations. Pendant que les patrons de ces médias ont démenti son affirmation. Mais aussi pour savoir s’il maintient toujours ses propos. Cependant, jusqu’au moment où nous publions cet article, nous n’avons pas reçu de réponse de sa part.

  Verdict

 Après vérifications, nous sommes en mesure d’affirmer qu’aucun accord n’est pour le moment signé entre les autorités guinéennes et les médias fermés en mai 2024 en vue de leur retour sur l’espace médiatique guinéen. Nous mettrons à jour cet article si nous obtenons de nouveaux éléments sur le sujet.

Cet article est rédigé par Bhoye Barry et approuvé par la rédaction de Guinee7.com.

 

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