Érigée en zone économique spéciale depuis plusieurs années, Boké a du mal à refléter son statut. Au fil des années, la préfecture affiche toujours l’image d’une ville lugubre, sombre, malgré l’énorme potentialités minières qu’elle regorge. La localité souffrirait-elle de la malédiction des ressources minières, quand on sait la quantité de bauxite extraite chaque année dans cette partie la Guinée ? C’est la question que se posent sans cesse les habitants de la cité minière, visiblement désespérés.
Une avancée à pas de caméléon
A l’exception de quelques kilomètres de bitume, la desserte régulière du courant électrique et des bâtiments flambant neufs récemment sortis de terres, Boké semble figé dans le temps.
Une pollution visible à l’œil nu
La ville ressemble toujours à une zone coloniale avec ces maisons d’un autre âge. La latérite (terre rouge ou brune), constitue le pavage de plusieurs quartiers avec sa vague de poussière, principale voisine des citoyens dont les toits et les plantes illustrent éloquemment cette triste réalité.
Le paradoxe du scandale géologique
Boké, malgré sa richesse, se classe loin derrière certaines préfectures de la Guinée en matière de développement. Elle ne peut d’ailleurs pas se mesurer aux sous-préfectures de Kamsar et Sangaredi, qui affichent une image bien plus reluisante.
Un fort potentiel touristique inexploité
Boké comme d’autres localités du pays, regorge d’une histoire riche et d’un potentiel touristique inexploité. En témoigne, le fortin construit en 1878, la stèle témoignant du passage de l’explorateur Réné Caillé, le cachot et le chemin des esclaves et le lac artificiel de Kassongoni, pour ne citer que ceux-ci.
A titre d’exemple, le fortin transformé en musée depuis 1971, pourrait bien être prisé avec une bonne publicité autour. Cela pourrait même attirer des touristes et faire de Boké, une attraction touristique à l’image de l’ile de Gorée au Sénégal. Ce qui peut représenter une véritable manne financière pour la ville.
Une déception apparente
Les populations de Boké en particulier les jeunes, ne profitent presque pas de l’exploitation des ressources minières tant le chômage est chronique. Vivre dans la zone est un combat au quotidien pour ces jeunes, abandonnés à eux même. Nombre d’entre eux, exploitent les taxi-motos pour gagner leur pain dans la dignité.
Sur l’un de nos trajets dans la ville, un conducteur de taxi-moto qui requiert l’anonymat, nous a confié sa déception. « L’avancement de Boké par rapport aux ressources minières qu’on prend ici, on peut dire que Boké n’avance pas. Surtout quand on voit à quel point, les autres préfectures avancent. C’est comme si, c’était une malédiction, moi je dirais. C’est ma ville, je ne peux pas gâcher sa réputation. Mais ça fait mal », a-t-il déploré.
Un problème d’éclairage public
« Boké la nuit, fait peur », nous a confié un Conakryka, vivant sur place.
Un autre aspect qui représente un véritable handicap. Les lampadaires sont soit en pannes ou n’existent même pas. Ce qui rend la promenade difficile, une fois la nuit tombée.
Face à cette situation jugée désolante, il serait judicieux que les autorités à tous les niveaux et les sociétés minières exerçant sur place, conformément au code minier puissent faire en sorte que cette ville minière de Boké, érigée en zone économique spéciale reflète en fin son nom.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com