Le retrait de l’organisation de la CAN à la Guinée continue de susciter des réactions au sein de l’opinion publique. C’est notamment le cas de Thierno Saïdou Diakité et Elhadj Thierno Ousmane Ly, respectivement consultant sportif et analyste financier spécialisé en partenariat public-privé. Ils revendiquent la paternité de cette initiative, arguant que son élan a été donné dès 1994. Leur objectif est de raviver les espoirs et d’inciter les autorités à agir. Thierno Saïdou Diakité, connu sous le nom de « Tino », a accepté de partager ses réflexions sur cette question avec un reporter de guinee7.com.
Samedi 22 février 2025, vous avez évoqué l’organisation de la CAN en Guinée. Dites -nous la nécessité de cette prise de parole ?
Bonjour Abdoul. Très bien, cette prise de parole, c’est pour le rappel d’un anniversaire. Il y a 31 ans exactement, dans les colonnes du quotidien national Horoya, précisément le 21 février 1994, j’avais publié mon tout premier plaidoyer afin que la Guinée puisse organiser une Coupe d’Afrique six ans après, c’est-à-dire en l’an 2000. Donc, c’est pour rappeler cet anniversaire et remercier Dieu le Tout-Puissant parce que d’ici là, j’aurais pu mourir. Si donc je suis encore en vie, je rappelle non seulement à l’opinion publique, mais aussi je veux remercier Dieu le Tout-Puissant de m’avoir maintenu encore en vie jusqu’à cette date. Voilà, c’est le but donc de cette communication pour rappeler l’anniversaire du plaidoyer.
Est-ce que vous pensez que cette communication va faire fléchir les décideurs ?
Bon, vous savez, on dit que tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir. Je vais vous raconter une petite anecdote. Lorsque l’ex-président de la Fédération guinéenne de football à l’époque, Dr Baba Sako, a eu connaissance de mon plaidoyer dans le journal Horoya, il est venu me voir. Il dit : « Mon frère, c’est une très bonne idée », mais il m’a dit : « Je pense que tu prêches un peu dans le désert. » Je dis, j’en suis conscient. Je dis, je vais insister, persister. Peut-être qu’un jour, le plaidoyer va tomber dans une oreille attentive. Heureusement, c’est à partir des années 2000 que le gouvernement a pris la disposition pour postuler à une candidature. Donc, je garde le ferme espoir que nos autorités actuelles prêteront une oreille attentive à l’appel que nous leur adressons pour que, dans les années à venir, la Guinée puisse au moins vivre la plus grande fête du football sur le continent.
Sachant qu’un pays en transition ne peut pas candidater pour une Coupe d’Afrique des nations, est-ce que vous avez l’impression que votre appel sera entendu ?
Oui, je l’ai dit, tant qu’on vit, il y a de l’espoir. Nous sommes en transition, c’est vrai. Un pays en transition ne peut pas organiser la CAN. Bon, je pense, il reviendra au gouvernement post-transition de formaliser notre candidature pour une éventuelle édition. Mais nous sommes en transition, et je l’ai rappelé au mois d’août 2022, le président de la transition a signé un décret qui hisse le projet de la CAN au rang de projet prioritaire d’intérêt national. Ce décret, donc, est une orientation pour le gouvernement de poursuivre les infrastructures planifiées pour la CAN 2025 qui nous a été retirée. Et, je l’ai dit tantôt, en septembre, lorsque le président de la CAF est venu nous annoncer notre désaisissement de l’organisation, à quelques minutes de son départ, il a conseillé à nos autorités de poursuivre la réalisation des infrastructures planifiées pour la CAN, pour nous permettre d’organiser à moyen terme une compétition intermédiaire, à savoir le Championnat d’Afrique des ations. Il l’a même dit : si la compétition se déroule bien, ça va vous permettre de postuler à une CAN. Donc, la voie est toute tracée pour le gouvernement de transition, de préparer, de baliser le chemin pour le gouvernement qui sera installé après les élections. Voilà. C’est un peu donc ça, mon ambition, et ce message que je lance par votre intermédiaire aux autorités de la place.
Pensez-vous que là où un régime civil a échoué, c’est un régime militaire – on va le dire comme ça, puisque nous sommes sous transition – qui va réussir ce cap ?
La Côte d’Ivoire a organisé sa CAN avec un gouvernement civil. Avant la Côte d’Ivoire, c’était le Cameroun avec un gouvernement civil. Donc, moi, je ne vois pas cet aspect de choses comme un obstacle. De toutes les façons, je dis que le gouvernement post-élection aura la charge de formaliser notre candidature pour une éventuelle édition.
Le gouvernement militaire qui gère la transition a pour charge de poursuivre la réalisation des infrastructures, comme nous l’a conseillé le président de la CAF. Des sites sont identifiés, des infrastructures ont été identifiées, certaines infrastructures même ont bénéficié d’annonces de financement. Comme je l’ai dit, il s’agit de redimensionner le COCAN, c’est-à-dire que la structure qui va être mise en place va se charger de mobiliser les ressources financières pour réaliser un certain nombre d’infrastructures sportives et connexes, en attendant que les élections soient organisées. Ceci va permettre au gouvernement post-transition de formaliser un dossier de candidature à soumettre au comité exécutif de la CAF.
À ce jour, nous n’avons pas de stades homologués. Avec ce manque d’infrastructures, est-ce que vous pensez que ce gouvernement a la volonté de construire des stades ?
Oui, la volonté politique existe parce que la rénovation et l’extension sont en cours, tant au niveau du stade du 28 septembre que du grand stade général Lansana Conté de Nongo. La seule chose, c’est qu’il y a eu du retard dans la réalisation des travaux. C’est vrai que ça devait prendre au plus six mois, mais jusqu’à présent les stades ne sont pas encore aux normes CAF/FIFA et peut-être qu’il faut attendre trois, quatre ou cinq mois encore pour que les chantiers soient rendus. La volonté politique existe. Il faut donc maintenir cette dynamique et, au-delà de Nongo et du 28 septembre, c’est songer aux autres infrastructures qui ont été identifiées, tant à Nzérékoré, à Labé, à Kankan et Kindia, pour progressivement les réaliser afin de nous faciliter la formalisation de notre dossier de candidature.
Je vous remercie.
Merci à guinee7
Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com