La récente interpellation de Mohamed Baba Sylla, directeur général de la Loterie Nationale de Guinée (Lonagui), a ravivé les tensions entre cette institution et l’Autorité de Régulation du Secteur des Jeux et Pratiques Assimilées (ARSJPA). Si certains proches de M. Sylla pointent du doigt la régulation comme étant à l’origine de ses déboires, l’ARSJPA se défend en affirmant qu’elle n’a joué aucun rôle dans cette procédure, arguant que ‘‘l’heure est à la reddition des comptes dans les entreprises étatiques sous le CNRD’’.
De son côté, la Lonagui accuse l’ARSJPA d’exercer des pressions visant à lui faire verser des redevances dont le paiement devrait, selon elle, être directement effectué au Trésor public. Après une série de passes d’armes par voie de presse, un terrain d’entente semble avoir été trouvé entre les deux entités, laissant néanmoins le public sur sa faim quant à la réelle nature de cette affaire.
Dans ce climat de controverse, une question demeure : quelle est la véritable portée sociale de la Lonagui ? Une interrogation d’autant plus légitime lorsqu’on compare ses actions aux initiatives bien plus ambitieuses de ses homologues en Afrique de l’Ouest.
De notre recherche, nous avons découvert que la Lonagui a mis en œuvre quelques actions à caractère social. Que voici :
Attribution de bourses de Master 1 et 2 à quinze étudiants guinéens ; Rénovation d’une école primaire de Tanéné (Matoto) ; Distribution de kits scolaires à des élèves de Télimélé ; Soutien à une campagne de sensibilisation contre le cancer ; Contribution à la rénovation de la Cité de Solidarité ; et surtout, financement de l’organisation de la Coupe de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel.
Bien que ces actions soient louables, elles paraissent bien maigres comparées aux programmes mis en place par les loteries nationales de certains pays de la sous-région, qui mobilisent des moyens bien plus conséquents en faveur du développement social et économique. Ci-dessous un engagement exemplaire des loteries de la sous-région.
Burkina Faso La LONAB, un pilier du développement
La Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) se distingue par des initiatives d’envergure, notamment : Un don de vivres d’une valeur de 100 millions de FCFA en juillet 2024 pour soutenir les personnes déplacées internes ; Une contribution de 43,8 milliards de FCFA aux recettes budgétaires de l’État en 2023, en hausse par rapport à 2022 ; Un partenariat de 475 millions de FCFA avec le Programme de Réalisations des Infrastructures Socio-Économiques (PRISE) pour la construction de deux Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) ; L’octroi de 600 ordinateurs au Centre National des Œuvres Universitaires pour améliorer l’accès à l’éducation.
Sénégal La LONASE au Service de la Cohésion Sociale
La Loterie Nationale Sénégalaise (LONASE) ne ménage pas ses efforts pour renforcer la solidarité nationale, notamment par : Un soutien de 3 millions de FCFA aux familles des soldats tombés au champ d’honneur ; Une enveloppe de 2 milliards de FCFA pour financer la réinsertion sociale des travailleurs proches de la retraite, via un partenariat avec le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP).
Côte d’Ivoire La LONACI, un modèle de responsabilité sociale
La Loterie Nationale de Côte d’Ivoire (LONACI), à travers sa Fondation, mène des actions structurantes qui bénéficient directement aux populations : Livraison d’infrastructures éducatives dans plusieurs localités en septembre 2024 ; Dotation de plusieurs établissements de santé en équipements médicaux pour un montant de 93 millions de FCFA ; Dons d’ambulances et de véhicules spécialisés pour renforcer le secteur de la santé ; Investissement de 400 millions de FCFA dans des infrastructures sociales et sanitaires dans huit villages en août 2024.
Un modèle à repenser pour la Lonagui. Face à ces exemples, force est de constater que la Lonagui reste en retrait en matière d’engagement social. Si sa contribution aux œuvres caritatives et au développement local est indéniable, elle demeure bien en deçà des attentes et des standards établis par ses homologues de la sous-région.
Dans un contexte où la transparence et la reddition des comptes sont mises en avant, la Lonagui doit clarifier sa stratégie sociale et démontrer un engagement plus fort en faveur des populations guinéennes. Car au-delà des jeux de hasard et des querelles administratives, c’est bien la finalité sociale de ces entreprises publiques qui reste au cœur des préoccupations.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com