Censure

Résultats des évaluations : « Ce n’est pas une chasse aux sorcières », dixit Djenab Touré.

La Guinée compte désormais 130 partis politiques. Le verdict est tombé ce vendredi au cours d’un atelier de restitution qui s’est tenu à Conakry.

Mme Camara Djenab Touré, directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale, a tenu à expliquer le caractère légal de cette action, jugée malveillante par une partie de l’opinion.

« Ce n’est pas une chasse aux sorcières. »

La directrice a tout d’abord tenu à lever toute équivoque autour de ces résultats. « Je pense que ce n’est pas une chasse aux sorcières, parce que ça fait 3 ans que nous sommes en train de travailler à assainir l’espace politique. À la prise du pouvoir, on était à 350 partis politiques. « On est revenu au moment de la prise de fonctions du général 2ᵉ section Ibrahima Kalil Condé [ministre de l’Administration du territoire actuel NDLR], à 211 partis politiques », a-t-elle indiqué en rappelant le contexte.

Avant de poursuivre sur l’état actuel des choses : « aujourd’hui, vous venez de suivre la présentation. 99 partis politiques ont émergé du lot en deux formats : il y en a qui ont des observations, et la plupart des observations, c’est qu’il y a des congrès qui ne sont pas tenus pendant 10 ans, il y a d’autres qui ont 15 années de retard en tenue de congrès. Ça veut dire que quand vous créez une association et que vous ne renouvelez pas les instances, ce n’est plus de la démocratie. Parce qu’il y a des instances à la base qui doivent être renouvelées tous les 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans et 7 ans. Ça dépend du contenu de vos statuts (…) Par contre, 75 sont libres d’exercice. Ça veut dire qu’ils ont tout fourni. Donc, c’est ça : ça met en application les dispositions légales, ça met en application aussi les textes qui gouvernent les partis politiques, notamment les statuts et règlements intérieurs. »

« Ce n’est pas le leader qui doit conserver tous les documents. »

Pour Mme Camara, les leaders absents du pays doivent créer des conditions permettant au parti de fonctionner sans eux. Faisant ainsi allusion au RPG arc-en-ciel et à l’UFR. « Je pense qu’ils se sont retrouvés dans le lot des suspendus parce que nous avons analysé ceux qui n’ont pas eu accès à leurs documents, ceux qui gouvernent actuellement le parti en l’absence du premier leader. » Globalement, les lettres qui ont été notifiées, c’est-à-dire tel document, sont avec quelqu’un qui soit est en difficulté, soit se retrouve dans une position où il ne peut pas envoyer le document. Donc, ça prouve aussi que la méthode de gestion des associations politiques doit changer. Ce n’est pas le leader qui doit conserver tous les documents. Il faut que les documents soient avec, soit au secrétaire administratif, au secrétaire permanent ou en tout cas à la personne désignée au sein du bureau politique pour les conserver. Donc, c’est l’effort-là qu’ils doivent fournir. Ce n’est pas qu’ils ont démérité, mais c’est juste que les documents complémentaires qu’ils devraient fournir au ministère n’ont pas été fournis dans les 90 jours. Je pense que ça va permettre aussi au leader de ces partis de remettre ces documents à ceux qui sont en train de faire fonctionner le parti actuellement, pour que dans les 3 mois à venir, ils puissent sortir de cette situation », a-t-elle expliqué.

« L’exercice que nous sommes en train de faire, c’est contraindre chaque leader à laisser la place. »

Selon elle, cette action du MATD a aussi un but cohérent : « un parti ne doit pas être l’apanage d’un individu. Un parti, ce n’est pas une entreprise et son patron qui l’a créé. Un parti, c’est une association d’hommes et de femmes qui ont les mêmes valeurs, qui ont un programme commun ensemble, qui ont une idéologie ensemble, et c’est ce qu’on doit faire émerger, et c’est cette culture démocratique qu’on doit faire. En l’absence de culture démocratique, quelqu’un qui a passé 50 ans à gérer son parti sans pouvoir céder, donc ça veut dire que c’est une entreprise personnelle. Quand il arrive au pouvoir, je vous dis, ne vous attendez pas à avoir de la démocratie au sommet de l’État. Donc, l’exercice que nous sommes en train de faire, c’est contraindre chaque leader à laisser la place conforme au statut réglementaire intérieur à chaque membre du bureau exécutif d’exécuter le mandat qu’il a et les tâches qui lui sont confiées. Donc, cela entre dans l’organisation normale de toute association, fussent-elles politiques ou autres. »

« C’est 130 partis politiques qui existent désormais légalement en République de Guinée »

Pour clore, Mme Camara Djenab Touré a tenu à rappeler : « nous nous retrouvons dans un espace assaini. Parce que vous avez quand même 28 partis politiques qui sont suspendus, vous en avez 4 qui sont en observation, ça vous fait 32 partis politiques et vous en avez 99 qui vont exercer. C’est 130 partis politiques qui existent désormais légalement en République de Guinée. En même temps, si les autres sont en suspens, ils vont remonter la pente. Ceux qui sont en observation, ils vont fournir les dossiers complémentaires. »

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

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