En réaction à la grâce accordée à Moussa Dadis Camara, Ami Diop, présidente des femmes et filles violées du 28 septembre, se résigne : « En tant que victime, on ne peut rien dire. C’est le président qui l’a libéré, on est derrière le président. Général Mamadi Doumbouya, lui, il ne parle pas, donc tout ce qu’il dit, il va le faire parce qu’il ne parle pas. On ne l’a jamais vu parler, donc on a confiance en lui. »
Cette action ne ternit-elle pas la justice rendue en première instance ? Ami Diop répond : « La justice n’est pas complètement rendue parce que les avocats de Moussa Dadis avaient interjeté appel et notre avocat attendait cela. Mais si le Président dit qu’il a libéré Moussa Dadis parce qu’il est malade, il y a Toumba aussi qui est malade. Toumba est là-bas. Combien de temps Toumba est malade, mais on ne l’a pas libéré », regrette-t-elle, même si elle affirme que le président de la transition a anticipé une demande que les victimes comptaient formuler.
« Le général Amara Camara, secrétaire général de la présidence, le mercredi dernier, par un décret, avait parlé de l’indemnisation. Nous, les victimes, on était très contentes. Ce qu’on voulait faire, c’est qu’après ça, on parte voir le président pour le remercier, et puis lui dire de libérer tous les détenus qui sont là-bas. On ne croyait pas qu’il allait libérer Moussa Dadis sans les autres. Notre demande, c’est de libérer tous les autres détenus, parce que c’est pour la réparation. Nous sommes tous des Guinéens », estime-t-elle.
Par ailleurs, une inquiétude demeure : les victimes craignent de ne pas être indemnisées. « On n’a qu’à nous donner notre argent d’abord, après on libère les autres. On a le souci de ça, et si on les libère tous, est-ce qu’on va nous donner notre argent ? Et pourtant, il y a beaucoup de victimes qui sont malades. Il y en a d’autres qui sont décédées. L’autre fois, le ministre nous a demandé de déposer nos dossiers de l’hôpital. On a déposé, mais jusqu’à présent, rien n’est fait depuis le temps du ministre Charles Wright. Quand on tombe malade, c’est nous-mêmes qui partons à l’hôpital faire nos soins. On n’a pas dit de nous amener à l’extérieur, mais ils peuvent s’occuper de notre maladie. Mais ils n’ont rien fait, rien jusqu’à présent. Moi, je suis tout le temps malade. Je suis tout le temps à l’hôpital. Même avant-hier, j’ai passé la journée à l’hôpital. J’ai des blessures depuis l’événement du 28 septembre », révèle-t-elle.
Pour une plus grande transparence dans le processus de dédommagement, cette victime invite général Doumbouya à s’impliquer : « Le président n’a qu’à appeler toutes les victimes un à un pour leur remettre personnellement. On ne veut pas qu’il donne ça à une ONG de nous gérer. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com