Censure

Mines. Paradoxe : La Guinée fait la cour aux investisseurs et leur ferme la porte

Lors de la dernière édition de Investing in African Mining Indaba, la plus grande rencontre minière du continent africain, la Guinée, selon a brillé par sa présence au Cape Town International Convention Center. Conduite par Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet à la présidence, la délégation guinéenne a bénéficié d’un country showcase, une plateforme de prestige destinée à vanter le potentiel minier national et à séduire de nouveaux investisseurs. Une démonstration apparemment convaincante, saluée, selon Jeune Afrique, par les compagnies minières présentes. Pourtant, à Conakry, la stratégie adoptée suscite de nombreuses interrogations et soulève un paradoxe de taille. En effet, si le discours promotionnel délivré à Cape Town se voulait rassurant, la réalité du secteur minier guinéen demeure marquée par une incertitude persistante. Depuis l’arrivée au pouvoir du CNRD en septembre 2021, le cadastre minier est gelé. Un verrouillage qui, s’il se voulait temporaire pour permettre un audit des permis octroyés sous le précédent régime, s’éternise désormais depuis plus de trois ans.

Dans ce contexte, la démarche de Djiba Diakité et du ministre des Mines, Bouna Sylla, apparaît contradictoire. ‘‘À Indaba, la Guinée est allée faire de la représentation’’, déplore un spécialiste basé à Conakry, cité par Jeune Afrique. ‘‘On ne peut pas faire la promotion du secteur minier guinéen auprès des investisseurs alors qu’en réalité, nous n’avons rien à leur vendre puisque le cadastre est fermé’’. Une affirmation qui met en lumière l’écart entre l’ambition affichée sur la scène internationale et les contraintes administratives et juridiques qui entravent le secteur à l’échelle nationale.

L’audit du secteur minier, justifiant initialement ce gel, était censé garantir la régularité des permis attribués sous l’ancien pouvoir. Toutefois, au fil des ans, il devient un facteur de blocage pour les nouveaux investisseurs, freinant ainsi le développement d’un secteur clé de l’économie guinéenne. Si la transparence et la régulation sont essentielles pour assurer une gestion saine des ressources naturelles, leur mise en œuvre prolongée et indéfinie peut engendrer l’effet inverse : un climat d’incertitude peu propice aux affaires.

La participation de la Guinée à un événement d’envergure comme Mining Indaba témoigne d’une volonté de maintenir l’attractivité du pays sur la scène minière africaine. Toutefois, sans une levée rapide du gel du cadastre et une clarification des règles du jeu pour les investisseurs, cet exercice pourrait s’avérer vain. Une vitrine, aussi séduisante soit-elle, ne saurait masquer indéfiniment l’absence d’un accès concret aux opportunités qu’elle prétend offrir.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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