Le Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, a finalement fixé la date du référendum constitutionnel au 21 septembre prochain. Cette annonce, faite ce 1er avril, intervient alors que la presse ne cessait de rappeler que le chef de l’État s’était engagé à publier cette date avant la fin du premier trimestre 2025, soit le 31 mars dernier. La décision est-elle dictée par un souci de conformité avec ses engagements, ou répond-elle à la pression grandissante de l’opinion publique et des médias ?
Quoi qu’il en soit, l’annonce du référendum ravive le débat sur la faisabilité d’un calendrier électoral respectant les délais impartis. Nombre d’observateurs estiment en effet qu’il sera difficile, voire impossible, d’organiser toutes les élections prévues en 2025 si le référendum ne se tient qu’en septembre. Cette hypothèse reste valable même en supposant que le projet de Constitution soit adopté sans contestation -une issue que le gouvernement semble considérer comme acquise, bien que son rejet demeure une possibilité, aussi infime soit-elle dans le contexte politique actuel.
Répétons que le retard accusé dans l’organisation du référendum remet en question la réalisation de l’ensemble du processus électoral dans les délais impartis. Cette situation conforte la position du ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, qui a toujours affiché son scepticisme quant à la faisabilité d’élections inclusives en 2025. Une posture qui l’oppose directement à son Premier ministre, Bah Oury, fervent défenseur d’un retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus courts.
Calculs politiques et enjeux de pouvoir
Rappelons que Bah Oury, qui a soutenu initialement le processus du PN-RAVEC (Programme National de Recensement Administratif à Vocation d’État Civil), a récemment admis ses limites : ‘‘La méthodologie qui consistait à réaliser le PN-RAVEC jusqu’au bout et à extraire le fichier électoral s’est avérée inopérante. D’où des nouveaux mécanismes et un changement de système pour que, parallèlement, on procède au recensement électoral. L’idée est d’avoir, dans un laps de temps raisonnable, un fichier électoral représentatif de la population en âge de voter.’’ Une flexibilité soudaine qui va avec son ambition d’aller vite.
Alors question : Pourquoi Bah Oury semble-t-il si pressé d’organiser les élections ? Ses détracteurs estiment qu’il cherche à endosser le rôle de celui qui aura permis au Général Doumbouya d’acquérir une légitimité institutionnelle par les urnes. Une stratégie qui lui permettrait de consolider sa position à la tête du gouvernement et de prouver son efficacité dans la gestion de la transition. Mais elle sert également ses ambitions personnelles : en réussissant ce pari, il prendrait un avantage décisif sur son éternel rival politique, Ousmane Gaoual Diallo, membre influent du CNRD.
De toute façon, le défi demeure de taille : en septembre, la tenue du référendum constituera un premier test pour la crédibilité du processus électoral. Mais au-delà de cette échéance, le respect du calendrier électoral global reste truffé d’obstacles logistiques, administratifs et politiques. D’ici là, les tensions et les jeux de pouvoir ne manqueront pas de s’intensifier, alors que la Guinée s’engage dans une phase décisive de sa transition politique.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com