Il y a des lions majestueux, solitaires, qui rugissent sur la plaine. Et puis, il y a Bouba Sampil. Le président -enfin, ex-président- de la Fédération Guinéenne de Football (Feguifoot), qui, lors d’une récente conférence de presse, s’est autoproclamé »lion qui marche seul », façon Mufasa au sommet de la colline. Sauf que dans cette version guinéenne du Roi Lion, le héros ne termine pas en rugissant vers le ciel, mais en pleurant à chaudes larmes devant son propre troupeau.
C’est en effet au cours d’une réunion (tenue selon lui illégalement, mais à laquelle il a pourtant pris part) que le comité exécutif de la Feguifoot, fatigué des décisions unilatérales et de sa gouvernance bancale, a décidé de lui retirer sa couronne de roi de la savane footballistique. La majorité du comité a voté sa révocation. Boum. Exit le lion solitaire. Apparemment, il est plus facile de rugir devant les caméras de la RTG que de tenir tête à une meute déterminée.
Le lion a pleuré. Oui, pleuré. Suppliant les membres du comité de revenir sur leur décision, appelant à la clémence comme un chaton coincé sous la pluie. Une scène visiblement émouvante, si l’on en croit des témoins. Mais voilà : un lion, ça ne pleure pas. Sauf peut-être quand il réalise un peu tard que diriger une fédération n’est pas un safari personnel.
Pire, pour tenter de stopper le processus, il a invoqué l’arrivée prochaine d’une mission de la FIFA en Guinée et une demande du ministre des Sports de reporter la réunion. Deux arguments vite balayés : les statuts de la fédération ne reconnaissent ni la diplomatie de la FIFA ni les coups de fil politiques en coulisse. D’ailleurs un rappel utile : l’ingérence politique dans les affaires d’une fédération sportive est condamnée.
En definitive, la vérité est sans appel : la mauvaise gestion, l’isolement voulu, et l’orgueil mal placé ont fini par dévorer le lion solitaire. Il voulait régner seul ? Il finira seul. Ce n’est pas parce qu’on marche sans meute qu’on est un lion ; parfois, on est juste perdu. Que cela serve de leçon.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com