Bouba Sampil, président revoqué de la Fédération guinéenne de football (FGF), semble désormais emprunter les sentiers qu’il dénonçait avec véhémence il n’y a pas longtemps. En brandissant une lettre du ministère des Sports pour suspendre une réunion du Comité exécutif -laquelle a pourtant acté sa révocation dans le strict respect des statuts- l’ancien président paraît céder à une logique qui va à rebours des principes qu’il défendait durant son ascension.
Il agitait alors la menace d’une suspension par la FIFA, rappelant que toute mainmise politique sur la gestion fédérale constituait une ligne rouge
Il n’est pas si lointain, ce temps où le prince Nalou se posait en rempart contre toute forme d’ingérence gouvernementale dans les affaires de la FEGUIFOOT. À l’époque, l’homme n’hésitait pas à accuser Bea Diallo, alors ministre des Sports, de favoritisme et d’interventionnisme au profit d’un adversaire à la présidence de la fédération. Il agitait alors la menace d’une suspension par la FIFA, rappelant que toute mainmise politique sur la gestion fédérale constituait une ligne rouge.
Mais aujourd’hui, ce même Bouba Sampil se réfugie derrière un courrier de son ami Bogola Haba pour tenter d’entraver une réunion statutaire du Comité exécutif -réunion pourtant pleinement conforme aux textes qui régissent l’instance. La contradiction est saisissante. À défaut d’être illégale, l’attitude interpelle sur le plan moral. Car c’est bien lui qui, hier encore, fustigeait le risque d’ immixion et brandissait le drapeau de l’autonomie du football guinéen avec la fougue d’un puriste.
la FIFA, dans sa doctrine constante, attache une importance fondamentale au respect des textes et à la souveraineté des statuts des fédérations membres
Le renversement est d’autant plus troublant qu’il semble relever non d’un principe, mais d’une stratégie de circonstance. En se prévalant aujourd’hui d’une lettre du ministère, le très stratège -pinces sans rire- Sampil donne l’impression de ne reconnaître l’indépendance du football guinéen que lorsqu’elle sert ses intérêts. Une posture à géométrie variable donc qui risque d’éroder la crédibilité de son engagement passé.
Il convient de rappeler que la FIFA, dans sa doctrine constante, attache une importance fondamentale au respect des textes et à la souveraineté des statuts des fédérations membres. La mission qu’elle a annoncée en Guinée ne pourra que se satisfaire de constater que, conformément aux statuts de la Fédération Guinéenne de Football, un Comité exécutif en exercice a pu, en toute légalité, constater la perte de légitimité de son président et procéder à sa révocation.
Ce tournant, à la fois politique et éthique, pose une question de fond : peut-on réclamer la primauté des statuts quand on est dans l’opposition, et s’en affranchir une fois au pouvoir contesté ? Le football guinéen, en quête de stabilité et de respectabilité sur la scène internationale, ne peut se permettre de tels errements. Car à jouer avec les principes, on finit toujours par compromettre l’institution.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com