Un mot: Responsabilité. Le Comité exécutif de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT) a posé, ce mardi, un acte fort et inédit dans l’histoire récente de cette instance dirigeante. En votant une motion de révocation à l’encontre de leur président, Bouba Sampil, les membres du Comex ont démontré qu’il reste encore, en certaines circonstances, un sens de l’intérêt général et du respect des textes dans la gouvernance sportive nationale.
Ce vote, loin d’être anodin, marque un tournant dans une crise qui n’a que trop duré. Bouba Sampil, naguère érigé en figure d’autorité autoproclamée et se plaisant à se faire appeler le lion qui marche seul, s’était isolé au sommet, croyant pouvoir écarter impunément tous les contre-pouvoirs internes. Fort du soutien indéfectible de son ami, le ministre des Sports, il s’était employé à marginaliser l’ensemble des membres du Comex, qu’il prenait pour des moutons.
Mais les faits sont têtus. Et hier, les supposés moutons ont montré qu’ils pouvaient, à leur tour, faire front et marcher ensemble. Le vote de cette motion de révocation, conforme aux textes en vigueur, n’est pas seulement une victoire juridique : c’est une leçon de courage politique. En se dressant contre une dérive autocratique, le Comité exécutif a rappelé que nul n’est au-dessus des statuts, et que la Fédération n’est pas un terrain de jeu personnel.
Désormais, les regards sont tournés vers le successeur intérimaire du roi, Sorel Doumbouya. À lui de prouver, par une gouvernance inclusive et des actions concrètes, que l’obstacle au développement du football guinéen résidait bel et bien dans la personne de son prédécesseur. La charge est lourde, les attentes nombreuses, et les observateurs vigilants. Le message est clair : le crédit accordé à cette transition ne sera pas un blanc-seing.
Si le football guinéen veut retrouver ses lettres de noblesse, il devra s’appuyer sur des institutions fortes, animées par des hommes et des femmes qui placent l’intérêt collectif au-dessus des ambitions personnelles. Hier, une page s’est tournée. À présent, il appartient à Sorel et à son équipe d’écrire la suivante avec rigueur, transparence et vision.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
