Censure

Féguifoot : Bogola Haba crée la crise au nom du…gouvernement !

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Bogola Haba, a annoncé, hier, le retrait de l’agrément ministériel de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT). Une décision tombée comme un couperet, prétendument justifiée par l’expiration d’un arrêté. Mais à y regarder de plus près, l’argumentaire ministériel repose sur une lecture opportunément sélective des textes.

Selon l’arrêté en question, l’agrément est valable pour deux ans, renouvelables, et ne peut être considéré comme expiré qu’à défaut de demande de renouvellement trois mois après son échéance. En d’autres termes, la FEGUIFOOT disposait légalement jusqu’au 27 juin pour régulariser sa situation. Pourquoi alors cette précipitation du ministre ? Pourquoi cette mise en scène ministérielle en date du 14 avril, soit six jours après la révocation de Bouba Sampil par ses pairs du Comité exécutif ?

La coïncidence n’en est évidemment pas une. Il ne s’agit ni d’une rigueur soudaine dans l’application des textes, ni d’un sursaut d’institutionnalité. Il s’agit d’un sauvetage politique mal déguisé. Bouba Sampil, désavoué par son propre camp, était en chute libre. Le ministre a donc sorti la carte du retrait d’agrément pour tenter d’interrompre sa dégringolade et de geler les effets de sa révocation. Le tout au nom du gouvernement, bien entendu -ce paravent commode derrière lequel on tente de faire passer les décisions personnelles pour des actes d’État.

Dans sa correspondance, le ministre s’érige même en interprète attitré de la FIFA, reprochant au COMEX de ne pas avoir attendu une mission de l’instance internationale. Or, la FIFA, lors d’une visite à Conakry, a été on ne peut plus claire : plus de Comités de normalisation, plus de tutelle extérieure, la gestion du football guinéen doit revenir aux Guinéens. Et justement, le COMEX a tranché. La révocation de Sampil a été votée à l’unanimité des présents. Faut-il rappeler que ce sont les mêmes qui l’avaient porté à la tête de la FEGUIFOOT ?

Le ‘‘désordre’’ que brandit le ministre est en réalité celui qu’il contribue à alimenter. Depuis la décision du 8 avril, la Fédération fonctionne, les commissions sont en place, les clubs s’entrainent pour la reprise. C’est l’intrusion ministérielle qui jette le trouble, installe la confusion et, en définitive, fragilise les institutions du football national.

Quant à Bouba Sampil, son bilan à la tête de la FEGUIFOOT n’inspire que consternation : scandales de gestion, image brouillée, performances ternes et absence de la Guinée à des rendez-vous majeurs, notamment la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Si, après tout cela, l’urgence du ministre est de le maintenir coûte que coûte, il faudra bien que l’opinion se pose la seule question qui vaille : pour sauver le football ou pour sauver un camarade ?

Car à force de manipuler les textes pour servir des causes personnelles, on finit toujours par piétiner l’intérêt collectif. Et dans ce théâtre d’ombres, le football guinéen, lui, continue de payer le prix fort.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

 

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